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14 novembre 2006

Rien à cacher!

Catégorie: Au Boulot!

Aujourd'hui j'étais visitée par un conseiller pédagogique, tout les nouveaux venus dans le métier y ont droit. En fait, en jargon éducation nationale, je suis une T1 - titulaire première année - et donc en cadeau de bienvenue j'ai droit à deux visites du conseiller péda. plus une visite de l'inspectrice, et un stage à la con. Enfin bref, la première visite était aujourd'hui et ma foi je suis assez fière de moi. Fière oui, mais pas parce que j'ai fait tout bien, au contraire!

J'ai fait tout en vrac, exactement comme je fais d'habitude. Et je m'épate moi même. Bien sûr, j'avais tellement la crêve ce matin, la barre au niveau du front, que le stress n'a pas vraiment réussi à se faire une place, surtout que sur le vélo ça caillait dabord et puis après j'étais à bout de souffle - nota pour plus tard: ne jamais arrêter le vélo pendant les vacances - à bout de souffle donc et morte de chaud, et gueulant du Calogero à tue tête à travers la campagne en brouillard... c'est beau la liberté... puisqu'on peut rien en faire... allez vas-y accélère... c'est un jour parfait.....ni bon ni mauvais.... juste un jour parfait... rien pour nous arrêter... Forcément chanson de cironstance hein. Je suis arrivée totalement réveillée mais totalement à côté de la plaque, j'ai dit bonjour à Jean Michel le cantonnier en l'appelant Jean Claude, j'ai foncé me changer et puis j'ai même pas eu le temps de percuter que j'étais déjà dans ma classe avec tous mes élèves dans les pattes, avec des maîtreeeeesses! par dessus la tête alors que j'avais le nez collé dans mon mouchoir à l'eucalyptus et que je me bornais à dire à mes élèves "Je peux pas crier je suis toujours malade" - nota pour plus tard: ne jamais dire à des bébés pyranas qu'on pisse le sang même si de toute façon ils le sentent bien - et que mon conseiller péda. débarquait dans ma classe, avec bien sûr cerise sur le gâteau une panne de courant donc impossibilité de faire des photocopies.

En résistance à l'institution - ouais bon ça c'est pour essayer de faire ma rebelle - et aussi beaucoup parce que j'ai pas le temps, j'avais aucun des documents que je suis sensée présenter à une inspection ou une visite. Ca tombe bien hein, parce que le conseiller ne m'en a demandé aucun. Ouf. Bien contente de pas m'être pris la tête hier en dernière minute pour essayer quand même de pondre un truc merdique, réaction que j'aurais eu y'a encore pas si longtemps. J'aurais aussi tenté d'avoir un emploi du temps sur mesure, réfléchi vachement mon truc pour que ça ai l'air le mieux possible, alors que là, j'ai fait comme d'habitude. savant mélange d'improvisation, de maîtrise, de feeling, et de préparation, quand même.

Du coup, le conseiller péda. a vraiment vu ma classe, avec mes élèves, avec mes méthodes, et ma façon d'être et de travailler. J'ai été moi, et c'était gratifiant, rien que ça. Bon après bien évidemment tout c'est bien passé, son impression était bonne, il m'a filé quelques tuyaux avec lesquels je suis pas forcément d'accord d'ailleurs mais bon, dans l'ensemble c'était sympa. J'attend de voir le compte rendu qu'il m'enverra... ou qu'il me remettra la semaine prochaine en stage... où je ne serais peut être pas... mais chut faut pas le dire...

Enfin bref, je suis contente de moi. J'ai pas triché. Moi qui ai passé une bonne partie de ma vie à tricher, faire semblant de, là c'était tout authentique, franc du collier, et ça fait du bien. Au moral, à l'égo. Surtout que finalement tout était bien.

Et le pompom - j'étais pas au courant, c'est Cléopatra qui m'a dit ça ce soir en partant - c'est que pour la deuxième visite, il débarquera à l'improviste, sans prévenir.

Même pas peur...

Parce qu'au moins il sait déjà comment je travaille. Comment je travaille vraiment!

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11 novembre 2006

Puissance 3

Catégorie: Au Boulot!

Tenir une classe triple niveau, c'est une sacrée expérience, surtout quand on débute dans le métier. Croyez-moi c'est du sport! Et du coup, comme en ce moment je me plains pas mal - parce que la rentrée est plutôt dure - ben autour de moi tout le monde commence à me demander: "mais tu voudrais pas une classe simple niveau?" ou encore "mais tu vas garder cette classe l'année prochaine?", sous entendu est-ce que je vais participer au mouvement en février et tenter de m'échapper de cet enfer...

Pas du tout. Je me plains pas mal certes, parce qu'il faut bien dire les choses comme elles sont, un triple niveau quand on a aucune expérience du métier c'est la prise de tête garantie, reste que je ne donnerais ma place pour rien au monde. D'abord parce que le cadre est quand même exceptionnel, cette petite école est charmante, les gens de la commune sont adorables, les parents sont casse pieds et certains sont carrement cons mais ne rêvons pas, tous les parents sont pareils partout, et puis j'aime bien les petites gens comme on dit, je préfère leur connerie à celle des gens bien éduqués et plein de fric. Mes parents d'élèves à moi n'ont pas inventé la poudre, sont rustres, parfois pas très cultivés, mais ils ont quelque chose de touchant que n'ont pas les cadres moyens des grandes villes qui fait que je supporte leur connerie mieux qu'aucune autre, elle en devient touchante parfois, et surtout, elle est pas trop envahissante. Les problèmes de village, c'est souvent très terre à terre et donc la prise de tête reste au ras du sol. Reposant.

Ensuite il y a la classe par elle même. Certes un triple niveau c'est une grosse difficulté: avec des programmes aussi lourds qu'ils le sont, impossible de tout faire déjà dans une classe normale, un triple niveau oblige à tailler dans le vif du sujet. Y'a des trucs qui passent à la trappe, ne nous leurrons pas. Un triple niveau c'est aussi bien sûr trois fois plus de travail. Parce que là où dans un simple niveau on prépare une leçon de maths, mpoi jer dois en préparer 3. sans parler du fait que bien sûr je ne peux pas me couper en trois, donc forcément, y'a deux groupes qui devront travailler tous seuls, et ça forcément ça demande de prévoir des exercices adaptés, et une sacrée organisation. Mais pour l'instit que je suis, même si c'est beaucoup de travaille, c'est aussi l'assurance de ne pas s'ennuyer, l'assurance d'avoir une classe dynamique, avec un groupe classe qui ne ressemble à aucun autre. C'est pas seulement une classe, c'est plutôt comme une confrérie, une sorte de deuxième famille. Des fois j'ai presque l'impression qu'ils sont tous frères et soeurs. Ils se chamaillent pareil et ça passe aussi vite que c'est venu. Et avec moi aussi c'est différent. Parce que les élèves que j'ai là, je les aurais encore l'année prochaine, et encore l'année d'après. Et ceux des petites classes que je côtoie à la récréation et qui m'apelle "Directrice" m'appelleront bien tôt "Maîtresse", et ceux pour plusieurs années de suite. Du coup ça ne structure pas les relations de la même façon que dans une école normale, on est tous plus proches les uns des autres, et ça, c'est un truc vraiment agréable. Quelque chose de profondément humain.

Alors non, je ne changerais pas pour l'instant. Même si je rame comme c'est pas pensable, si je bosse 15 h par jour, si j'ai pas vraiment eu de vacances, que je n'ai pas vraiment de weekend, que je me ronge les sangs à l'idée de ma visite d'évaluation de mardi, que parfois j'ai l'impression de faire de la merde en boîte et qu'ils n'aprennent rien, d'être trop nulle, de planter toutes mes leçons, de pas être assez sévère, que moi ou rien c'est pareil, qu'ils se foutent de ma gueule, l'impression de ne pas être à la hauteur, malgré tout ça je reste.

Parce que je fais du bon boulot. Je fais tout ce qu'il est possible de faire dans une situation aussi absurde que celle là: une constitution de classe anachronique et une formation professionnelle inexistante. Le système bug, c'est clair. Et moi je suis un des soldats de cette armée, celle qui tente de faire tourner un peu le truc, le petit plus pour ces gamins, histoire de pas trop les pénaliser. Un grain de sable dans le désert tellement ce qu'on peut faire est dérisoire. Elle est belle la République, avec ses valeurs utopiques. Tellement énorme et tellement aveugle. Heureusement qu'il y a des grains de sable dans ses engrenages. Pour l'empêcher de broyer les plus faibles. Pour sauver un peu de son âme.

Alors oui je fais du bon boulot, même si je me plains. Trois fois plus de bon boulot.

6 novembre 2006

Au taquet

Catégorie: Au Boulot!

La maîtresse avait préparé un super exo de maths pour les CM1 et quand elle l'a distribué ils ont répondu: "mais on l'a déjà fait celui là maîtresse!"....

La maîtresse avait préparé un super emploi du temps pour la journée seulement elle l'a en partie inversé avec celui de demain...

La maîtresse avait prévu une super leçon d'histoire avec projection de photos d'art rupestre et quand elle a été chercher le rétro Cléopatra lui a répondu: "ah ben non l'ampoule vient de griller"...

La maîtresse avait mis de supers collants tout neufs avec sa jupe et à la mi-journée ils avaient déjà filés...

La maîtresse a appris à cette même mi-journée que non, le maire de l'autre commune de notre regroupement pédagogique n'est absolument pas au courant que le conseil d'école auquel il est sensé assister c'est justement demain soir...

La maîtresse était toute contente d'annoncer qu'elle avait enfin acheter le lapin dont on parle depuis la rentrée et qu'il serait là demain et tout ce qu'elle a eu comme réponse c'est "oh c'est nul maîtresse pourquoi demain?"...

La maîtresse avait prévu de rendre les contrôles faits avant les vacances mais en plein milieu de la distribution la maîtresse c'est rendu compte qu'elle n'avait pas fini de corriger tout le tas en fait...

La maîtresse avait préparé sa journée de demain en avance pourtant elle n'a réussi à débaucher qu'à 19h passées...

La maîtresse a à peine repris que la maîtresse n'en peut déjà plus.

5 novembre 2006

De l'air

Catégorie: Au Boulot!

J'ai bouclé ma journée de demain, enfin. J'y ai passé tout l'après midi. Ca augure bien la galère des journées à venir. La nuit tombe. Je ne pense qu'à demain. Demain. Et tous les autres jours qui vont suivre. Manque d'oxygène.

Demain c'est la rentrée.

31 octobre 2006

Bâillonnez moi!

Catégorie: Au boulot!

Je devrais aller bosser. Mais j'ai pas envie. Pourtant je sais la sale merde que ça va être à la rentrée si je m'y mets pas tout de suite. Tu parles... avec les vacances mon côté sale gosse revient au galop!

Naaaaaan je veux paaaaas!

Aller au boulot!

Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan!

Oh mais que si va falloir y'aller maintenant hein.

Nan......

Bouges toi!

Nan......

BOUGE TOI!

Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan!

Oh putain mais la ferme et au boulot!

Nan.

Si.

Nan.

Si.

Nan.

Si.

Nan.

Bon aller c'est plus drôle, arrête.

Nan.

...

Nananèr-euh!

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30 octobre 2006

Vacances? Où ça?

Catégorie: Au Boulot!

Bon aller bon pied bon oeil, je fonce à l'école pour travailler un peu. Oui je sais je suis en vacances, je suis malade, jettez moi la pierre! N'empêche, je suis contrôler à la rentrée et surtout si je veux pas que la deuxième période soit aussi raide que la première, j'ai intérêt à faire quelques mises au point.

Au programme donc rangement, organisation de l'arrivée de mon nouvel élève - ah oui parce que je vous ai pas dit mais j'ai un petit nouveau à la rentrée - donc rajoutage de table dans ma déjà pas très grande classe et obligée de préparer tous les cahiers et classeurs, ce qui va être très pratique aussi tiens. Et puis rangement de la chose qui me sert de bibliothèque... là faut vraiment faire quelque chose parce qu'aux dernières nouvelles "Tic et Tac déménagent" n'est pas un ouvrage hautement pédagogique... ni hautement quoi que ce soit d'ailleurs. Qu'ils lisent Mickey j'ai rien contre, mais au moins que ce soit de la bd, comme ça c'est pas totalement hors sujet. Enfin bref, y'a du taf quoi.

En plus ça fait plus d'une semaine que je suis pas montée sur Yonyon, ça promet! Je sens que les côtes vont être plus difficiles que d'habitude moi... ben oui mauvais temps oblige je me faisais amener et ramener qu'est-ce que vous croyez hein? La maîtresse est pistonnée!

N'empêche, c'est quand même super cool de pouvoir aller à l'école pendant les vacances, avec l'école pour moi toute seule, c'est un truc que j'échangerais pour rien au monde. Privilège de maîtresse, encore un. C'est aussi eux qui aide à tenir la distance.

Aller hop, au boulot!

26 octobre 2006

Engagez-vous qui disaient...

Catégorie: Au Boulot!

Y'en aurait des choses à dire maintenant que j'ai récupéré ma connection mais je ne saurais pas tout mettre dans l'ordre. Autant parler de ce qui me tracasse en ce moment. Le ras le bol. Etre en vacances enfin, avec le sentiment désagréable que c'était limite. Jamais de ma vie je n'ai eu autant besoin de vacances, vraiment. Pour ne pas pêter les plombs. Le premier qui plaisante en disant que les intits sont des fainéants et qu'ils sont toujours en vacances, je l'explose. J'adore mon job, mais je suis déjà en train d'angoisser à l'idée de la prochaine période, de ces semaines qu'il va falloir tenir, d'angoisser à l'idée de se craquage qu'on est obligé de juguler, tant qu'on peut, et de ces vacances de noël qui vont se transformer en asile plutôt qu'en plaisir. Se retrouver en vacances comme on sort la tête de l'eau. ca veut quand même dire qu'on était en train de boire la tasse.

J'ai pas vu passer la période, je voyais pas passer mes journées. J'arrive le matin à 8 heures, je me change en quatrième vitesse et je file dans ma classe. Je photocopie, je cherche, je planifie, je découpe, je distribue, je range. A neuf heure je rentre en scène. C'est comme plongé en apnée. On sait qu'il va falloir tenir, gueuler, réfléchir vite, tenir le rythme, être dans les temps, être efficace aussi. Un clignement de cils et la récréation de 10 heures est déjà là. Même pas le temps de boire mon thé. On reprend, on regueule, on se fâche, on gère, on redistribue, on assigne, on surveille, on drive. Midi est là mais avant il faut ranger, corriger, corriger les cahiers et corriger ses plans, parce qu'ils ont pas compris ça, cet exo a foiré, on aura pas le temps de faire ça, j'avais oublié qu'il y avait ça... On finit par aller manger bien en retard, on se pose un peu, une demi heure tout au plus avec les punis qui viennent nous pourrir un peu plus le maigre temps qu'on a déjà. Et il faut y retourner. Photocpier en quatrième vitesse, préparer les instruments de musiques, le matos d'arts visuels ou de sport. On courre. Encore en retard. Et puis de nouveau les gamins sont là. Les après-midis passent encore plus vite que les matinées. La récréation n'est qu'une ombre. 16h30. Ne pas oublié de donner les devoirs, dans l'agitation. On crie une dernière fois et on les met dehors. Mais rien n'est fini. Il faut encore corriger les cahiers, copier ce qu'on a fait, ranger, préparer le lendemain. Photocpier, couper, monter, réfléchir. A ce qui a cloché, ce qu'il faut refaire, comment. Et les parents qui se pointent, pour discuter de leur progéniture, des punitions parce qu'il faut toujours des explications sur les punitions, les parents des enfants qui ne sont pas de ma classe qui viennent voir la directrice. Parler, expliquer, faire de la diplomatie. Et puis reprendre sa préparation ensuite, sans oublier le courrier, celui papier à ouvrir, trier, répondre, et le boîte email à écumer. Des heures qui pèsent. ne pas avoir le temps d'en faire ne serait-ce que la moitié. A 19h00 se dire qu'il est temps de partir. Prendre sous le bras ce qu'on a pas fini, se changer, enfourcher le vélo, pédaller. Arriver à l'arrache, reprendre sa journée de demain. Rédiger, présenter, choisir, coller, encore. Et régulièrement les mots aux parents en plus à taper. Certains soirs ne même pas manger, finir sans finir parce que tout ne peut pas être fait. Parer au plus indispensable, remettre parfois. Aller se coucher à minuit passé, fatiguée, en n'ayant rien fait d'autre que bosser, réfléchir, préparer, encore et encore. Et savoir que le lendemain la moitié de ce qu'on a préparé foirera, un quart ne sera tout simplement pas fait et seulement un quart sera satisfaisant. Passer ses weekends et ses mercredis à faire exactement pareil.

Surtout ne pas se fier à l'impression trompeuse qu'on ne fait que de la merde. Remettre cent fois l'ouvrage sur le métier. Accepter l'idée qu'on ne pourra pas tout faire, aux chiottes les programmes. Accepter que si la plupart des élèves ont compris, tant pis pour les autres. Que certains sont tout simplement nuls. Que de toute façon pour d'autres la maîtresse est une conne. Gentille la conne, mais conne. Que pour les parents je suis une fonctionnaire. Même pas gentille cette fois. Et que plus j'en fais plus il m'en reste à faire.

J'adore ce job, mais je commence à comprendre pourquoi certains n'y survivent pas.

18 septembre 2006

Même pas du jeu

Catégorie: Au Boulot!

Je suis arrivée ce matin avec l'intention d'être ferme, intraitable, de leur en faire baver s'il le fallait. J'étais préparée à une journée marathon, affrontement, à une journée de fer.

Ils ont été sages, attentifs, agréables. Je n'ai pas eu tellement à crier. Ni à punir. J'ai été écoutée mieux que d'habitude. En fait j'ai l'impression que tout commence à porter ses fruits. Lentement certes, mais quand même.

Du coup j'ai reposé les gants de boxe sur l'étagère, sans même avoir eu à m'en servir.

Même pas drôle...

16 septembre 2006

T'étouffe pas avec!

Catégorie: Au Boulot!

L'exercice de l'autorité. Grand sujet de creusage de tête pour moi. Parce que je ne suis pas du genre autoritaire, et que je pars du principe que tout le monde est assez intelligent pour voir qu'il est dans son intérêt direct de ne pas chercher les emmerdes. Oui vous l'aurez compris, je suis plutôt du genre anarchiste, ce qui est absolument et totalement utopique.

Surtout avec des enfants.

Mes gosses à moi -mes élèves quoi- cherchent les emmerdes à longueur de temps, c'est leur matière préférée à l'école même. Surtout j'ai l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment eu de prof. Genre vous savez un prof qui dit de lever le doigt, de pas répondre, de rester assis... un prof quoi. Les miens font tout et n'importe quoi, dans le désordre, dans le bruit, et je passe mes journées à hurler. Pénible.

J'avais pondu un bon système de discipline au départ. Un truc avec des croix et des lignes à faire. Sauf que je l'ai pas tenu. Je me dis "mon dieu pauvres petits je vais pas leur coller des lignes en plus à la maison alors qu'il viennent de passer huit heures à l'école alalalalalalalalalalalaaaaaaaa..."

Et pendant ce temps ils me prennent pour une bonne poire. La maîtresse elle répète douze fois la consigne, elle demande le silence 150 mille fois dans la journée, elle rigole quand elle dit qu'elle attend, la maîtresse elle est trop conne quoi. Pas sérieux tout ça.

Alors vendredi soir j'ai prévenu que j'en avais marre, que j'avais essayé d'être gentille mais qu'ils voulaient pas y mettre du leur, qu'on était déjà vachement en retard sur ce qu'on aurait du faire - ah bon parce que t'as un planning?... non même pas- et que c'était pas possible de continuer l'année comme ça. Que du coup lundi, je laisserai plus rien passer.

Jusque là ça va. Sauf que je sais pas si je vais être capable de m'y tenir. Arg! Si je le fais pas ils vont me bouffer toute crue. Mais comme c'est pas dans ma nature d'être méchante -Cleopatra elle, déchire les feuilles et prive de récréation sans état d'âme- moi je n'arrive pas à garder mon sérieux quand je gronde, je me mords les lèvres pour ne pas sourire ou rire, que voulez-vous? Je ne suis pas dupe, tout ceci n'est que du bluff, et je ris forcément de la supercherie. Parce que c'est pas sérieux de dire à un enfant de 6 ans "plus jamais de ta vie tu iras en récréation, plus jamais de la vie!" et que c'est trop dur de donner 50 lignes à un autre parce que "tu as fini d'imiter le grenouille non?"... Comment voulez-vous que je n'en souris pas?

Quand ils m'auront vraiment usée, sans doute qu'à force ils vont me l'effacer le sourire.

C'est pour éviter d'en arriver là que lundi je dois m'y tenir. Etre chiante, être intransigeante. Tant pis. Après tout je leur ai laissé une chance, passons aux choses sérieuses maintenant. Tenter d'être ferme, et juste. Je sais déjà que c'est perdu d'avance, ça sera forcément injuste. Avec les gamins c'est trop compliqué pour être simple, trop compliqué pour être juste.

Dans le métier de prof, l'exercice de l'autorité est un gros morceau. Un des plus durs à digérer.

Et pour l'instant moi je l'ai encore en travers de la gorge.

11 septembre 2006

Rends donc à Ceasar... oh et puis non, jette tout!

Catégorie: Au Boulot!

Ah oui franchement, le Capitaine est pas content là.

- Parbleu Mousaillon, j'en connais un qui voit rouge!

- Euh... j'ai pas bien compris. Vous avez pas dit bleu d'abord?

- Mousaillon! Diable d'idiot!

- Ah oui là je comprends.

- Et bien j'en connais un qui ne comprends pas, lui! Rendez-lui donc justice!

- Oh non Capitaine! Elle peut pas rester encore un peu?

- Qui ça Mousaillon?

- Ben... Justice.

- Vous finirez sur la planche Mousaillon, et ça, ça ne sera que justice!

- Ah ben non alors. Si c'est pour que je finisse sur la planche, elle peut s'en aller.

- Mais elle s'en va oui! Elle retourne à qui de droit!

- Oula... Kidedroi? C'est où ça?

- La planche Mousaillon...

- Raaaaa tout mène toujours à la planche avec vous Capitaine!

- Est-ce une mutinerie?

- Non Capitaine.

- J'ai cru.

- ...

- Et puis vous apprendrez Mousaillon que tous les chemins mènent à Rome, et pas à la planche.

- A Rome? Pourquoi ça Capitaine?

- Et bien pour rendre à Ceasar Mousaillon! Pour rendre à Ceasar!

- Rendre quoi? Ah oui, Justice!

- Bien Mousaillon! On fera quelque chose de vous un jour.

- Un Capitaine?

- Ne rêvons pas non plus.

- Sauf que tous les chemins...

- Mousaillon?

- Oui Capitaine?

- En attendant Rome, prenez donc la planche.

Parce que oui l'autre soir j'étais énervée, très énervée. Il y a une couche de connerie très épaisse à l'Education Nationale, et le plus démoralisant c'est que chacun pris individuellement essaie de bien faire. C'est quand on assemble, quand on multiplie, que ça déconne. L'Education Nationale est vraiment une grande famille. Une vraie grande famille, avec tout ce que ça signifie. Les crétins qu'on peut pas saquer, ceux qu'on voit jamais, ceux qu'on adore, ceux qu'on suporte, les autres qu'on évite. Exactement pareil. Et une fois plongé dans ce tumultueux bazar, difficile de garder son calme parfois.

Ce métier est dur, exigent, il use les nerfs et le corps, il demande un minimum d'abnégation, un maximum de patience, d'implication, d'application. On ne fait pas ce métier par hasard. Sinon on ne tient pas longtemps. Ceux qui s'imagine que c'est une partie de plaisir ferait mieux de passer leur chemin. Dans ce métier on en bave, parce qu'il faut y aller seul, faire bien, quelque chose qu'il est impossible de quantifier, impossible de qualifier: enseigner. C'est un art compliqué, éreintant. C'est être au service des autres, s'obliger à une rigueur, une justesse, ne pas juger, recommencer sans fin. Etre bienveillant tout en gardant ses distances. C'est exercer l'autorité sans en abuser, manipuler la connaissance comme un artisant, faire, défaire, des milliers de fois. Finalement pour enseigner on est toujours seul, et ce que je repproche à l'Education Nationale, c'est de nous faire croire le contraire.

Parce qu'on est seul face à ses élèves, seul face à leurs parents. Seul face aux cahiers à corriger. Face aux programmes à tenir, aux sorties à prévoir. Seul pour faire ses photocopies. On est seul le soir pour penser sa journée du lendemain. On est seul avec des millions de choix à faire. Seul. L'Education Nationale ne sait que poser des limites floues et intenables. Exiger l'impossible. Elle semble ignorer le terrain. Plus on monte, et plus on séloigne de cette réalité.

Pas pour ça qu'il faut jeter les bébés avec l'eau du bain. Parce que ce métier est l'un des plus beau métier du monde. Et quand on est fait pour ça, il est gratifiant, au delà de toute limite. Les gamins sont un moteur puissant que tout bon prof doit avoir chevillé au corps, au coeur, le seul qui peut empêcher de flancher.

On ne supporte pas ce métier pour les semaines de vacances, pour les horaires agréables, ni pour la paye. Parce que croyez moi tout ceci n'est rien en comparaison du bordel que vous prenez plein la tête à longueur de journée, à longueur de semaines, à longueur d'année. Le bruit, l'agitation, l'incompréhension, le rythme infernal, crier, marcher, gesticuler, distribuer, crier encore, punir, soigner, corriger, hurler cette fois, reprendre, corriger, expliquer, crier, sortir, rentrer, refaire, ramasser, crier, corriger, dicter, hurler, punir, distribuer, et marcher, encore et encore, ces petits aller retrour assassins, et toujours parler, toute la journée, à voix haute et claire, et crier encore et encore pour avoir le silence, le calme, l'attention, il faut distribuer et ramasser sans arrêt, et ça s'agite dans tous les sens... Croyez moi, si vous n'avez pas l'enseignement dans la peau, les gosses dans la peau. Vous pouvez vous rasseoir.

Je sais que je fais l'un des plus beau métier du monde, je sais aussi que je fais le seul métier qui me corresponde, pour lequel je sois douée. Je voudrais juste que le système autour arrête de faire du vent, c'est bon, on a compris, on n'y croit plus.

Ceux qui s'apprêtent à rentrer dans le métier n'ont qu'à bien se tenir. Ici rien n'est facile, tout se gagne. Chaque petit pas, chaque petite avancée, autant de petites victoires. Il faut avoir les épaules, la niak, et rentrer dans l'arène comme les gladiateurs, fier mais modeste, et surtout sans avoir peur d'y laisser sa peau. On ne fait pas ce métier à moitié. L'enjeu est trop important.

Ce qu'on gagne dans l'arène face aux lions, c'est leur avenir. C'est pour ça qu'on se bat. Dieu sait que ces lauriers là n'ont pas de prix.

Ceasar peut aller se rhabiller.

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