Catégorie: Au Boulot!
Cette semaine je ne bosse pas, je suis en arrêt maladie. Encore. L'année dernière à la même époque j'avais déjà eu un blanc (grippe et dépression), cette année rebelote. Petite bronchite, grosse réaction allergique cutanée (ouais des gros boutons quoi avec une démangeaison atroce) à je-ne-sais-pas-encore-quoi-d'ailleurs et petite reprise de dépression. En général quand on commence à dire aux collègues - en étant tout à fait sérieuse - qu'on veut démissionner c'est pas bon signe. Mais c'est pas évident parce qu'en règle général, les gens dépressifs passent pour des gros fainéants qui s'écoutent trop. Quand on est fonctionnaire c'est encore pire. Et quand on est prof on bascule carrément dans l'acting et le foutage de gueule. Donc j'ai juste dit à mes collègues une partie de la vérité, à savoir que j'avais une bronchite et une grosse allergie, vu les réactions pas sympas de l'année dernière, j'ai retenu la leçon!
Reste que je le vis moyen. D'abord parce que j'ai juste l'impression que je serai jamais capable de rembaucher lundi prochain. Pas par flemme, juste par... par quoi je ne sais pas trop d'ailleurs. Juste que quand je pense à mon travail j'ai l'impression de me noyer et j'ai qu'une envie, c'est pleurer. Ensuite si je ne le vis pas bien c'est aussi que tout le monde me dit que j'ai un travail extra quand même, de quoi je me plains. Et je sais que c'est vrai, en partie. Donc j'ai bien intégré que je ne devrais pas me plaindre. Je fais quoi alors, je souffre en silence? Oui c'est ce que je faisais depuis quelques semaines. Et puis au bout d'un moment c'est plus supportable. La cocotte minute fume sérieusement...
Pourquoi je suis si mal dans ce boulot qui devrait être si super? Et qui l'était au départ! Mes collègues le vivent relativement mieux que moi d'ailleurs. A ma décharge, mes collègues n'ont même pas 2 ans d'expérience... quand moi je tape déjà les 10. Et j'ai souvent l'impression que ces 10 ans comptent le double! Forcément je suis usée. Usée par le système surtout quand j'y pense. J'essaie de trouver un équilibte, de retrouver la bonne façon d'envisager le métier, de faire mon métier, celle que j'avais au début, avant de ployer sous les contraintes et les craintes qu'on finit par accumuler à force de notes de service, de remarques des collègues, de coups bas de parents d'élèves, de surf sur les blogs de supers profs qui affichent des contenus parfaits, d'inspection stériles, de blablas de conseillers pédagogiques et de séances de formation hors de la réalité, de coups durs qu'on se galère tout seul dans sa classe... Usée d'avoir l'impression de brasser du vent, à gérer des activités péri-scolaires qui parasitent mon travail, les visites des gendarmes pour des délits mineurs, des parents qui confondent gamins surdoués et gosses mal élevés, et le reste, tout le reste... là où j'aimerais pouvoir me concentrer sur l'essentiel: mes élèves, leurs apprentissages, de façon simple et intelligente et pas juste dans cette course contre le temps où l'on essaie de faire rentrer au pied de biche dans leur petit cerveau tout un tas de compétences inappropriées voire inutiles, à coup de grands artifices et de dispositifs élaborés. Je ne me reconnais plus dans l'école d'aujourd'hui, cette pauvre école de la République, dans ce qu'on en a fait et qu'on continue à en faire. Je la trouve inhumaine et oppressante, envahissante, prétentieuse et innefficace.
Et je me dis que je devrais peut être tout simplement rentrer en résistance.