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19 mars 2009

Scission

Catégorie: Dark Side

Ce que tu dis
N’a pas son visage,
Et moi,
Ce sont ses yeux que je cherche.

Ce que tu signes
N’a pas son corps,
Et moi,
C’est son ombre qui me suit.

Ce que tu vends
N’a pas de prix,
Et moi,
C’est son offrande qui me sauve.

Ce que tu dis
N’a pas de sens,
Et moi,
Ce sont ses mots qui me traversent.

Va donc en silence,
Car tu n’es pas sa parole.
Rends-lui ta couronne.

Rends-lui sa couronne.

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                                            Pope Benoit XVI in procesion by Unknown

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26 février 2009

Trauma

Catégorie: Dark Side

J’ai guetté l’horizon, longtemps,
Les yeux pleurant de froid,
Fixe, en oubliant de respirer, parfois,
Quand quelque chose bougeait.
J’ai guetté l’horizon, debout
Sans être préparé,
Juste parce que c’était venu de là,
Juste
Parce que c’était venu de là.

J’ai guetté l’horizon, sans fin
Crispé, hors de la vie,
En sursis, accroché comme pendu
A cette ligne droite,
A ce gouffre, béant.
J’ai guetté l’horizon, longtemps,
Dans ce corps trop petit
Dont j’étais prisonnier,
La peur coulant
En sang noir épais,
Etouffant, m’égorgeant.
J’ai guetté l’horizon,
J’ai attendu
Que revienne l’horreur,
Comme elle était venue
Avant.
J’ai guetté l’horizon, amputé,
Muet.

J’ai guetté l’horizon, longtemps,
Statue de peau,
Implorant à l’intérieur.

Je guette l’horizon.
Debout,
Détruit.
Survivant.

bis_by_pedro_inacio
                                                    Bis by Pedro Inacio

27 novembre 2008

Impression

Catégorie: Dark Side

Si je pouvais, je me déferais de tout ici, comme on arrache l’arbre à la terre, je m’arracherai à ce monde d’homme, que rien de me retienne, que rien ne soit à moi ni pour moi, que rien ne me parle, je m’arracherai à tous ces sentiments, à tous ces visages, qu’aucun ne me soit familier, que je ne puisse en regretter aucun, je m’arracherai à tous ces projets, ces futurs, ces envies, qui vrillent mes yeux et me soulèvent le cœur, que rien ne m’empêche, que rien ne m’attache, que je ne sois plus qu’une pensée, qu’un souvenir presque, si je pouvais, je ne serai que le souffle de mon existence déjà, plus rien que le souffle et la poussière, que le vent disperserait sur la terre, comme on rend les armes, comme on rend l’arbre à sa terre. Si je pouvais, je me déferais de tout ici, puisque tout est lourd et que tout m’est étranger. Je m’arracherai à ce monde, pour n’être plus que de la poussière, du vent, de la lumière. Si je pouvais, je serais déjà loin. Comme si je n’avais jamais été. Qu’un souffle.

A_million_whispered_prayers_by_bingbing51
                                    A million whispered prayers by Bingbing51

25 juillet 2008

L'autre monde

Catégorie: Dark Side

Ceux qui courent et qui chantent, ceux qui s’élancent, ceux qui sautent de joie, qui s’avancent, ceux qui déclament, qui appellent, ceux qui s’élèvent, ceux qui vont, sans cesse, dans le tourbillon clairs des espérances humaines, ceux qui veulent, qui acclament, ceux qui tendent les bras et les yeux, ceux qui respirent et apostrophe, ceux qui s’envolent, qui s’en viennent, ceux qui prennent et qui tournent, qui décollent, qui aspirent, ceux qui vivent, sans réfléchir. Comme j’envie ceux qui n’ont pas cette lance plantée en travers. Ceux qui n’ont pas le poids de cette conscience, de ce drame qui n’a pas de fin, de cette échappée close, de ce sang que nous verserons. Comme j’envie ceux qui ignorent leur existence. Ceux qui ne sont pas encore morts.

afghan_prison
                                        Afgan Prison by Unknown

7 juillet 2008

Mausolée

Catégorie: Dark Side

Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes que je connais par cœur. Je feins de t’ignorer, quand tes yeux me poursuivent comme des démons aimables. Je feins de ne pas sentir les vagues à l’intérieur qui déferlent en cadences. Sur le papier tu restes, jeune et beau, lointain passé, lointain avenir que rien n’atteindra. Tu es resté, quand je passe et me fane, ratant tout ce qui nous aurait fait. Sur le papier mon ange tu as laissé nos plus belles promesses, celles qui m’appartiennent et me rendent plus seule, et les secrets qu’on lie aux corps fatigués et qui se défont pendant que tu t’éloignes, que tu m’échappes, tant la vie se résigne, nous éteint. Et ton étreinte, sur le papier mon ange, n’en reste que ces traces, des courbes et des serments que rien ne retient, qui se délient, se défont, au fur à mesure que tes yeux s’imprègnent à l’intérieur comme des brulures sombres. Je feins de t’ignorer, je feins de ne pas croire que nous avons été, que nous sommes, que tu demeures, que tu t’éloignes, que tu me dévores, que nous nous consumons à l’abri du jour, sans que rien ne se voit, puisque nous aurions pu être, puisque nous avons été, puisque nous sommes. Je feins de ne pas sentir mon âme qui se défait, attaché à la tienne, qui s’en va, qui renonce, qui s’en fiche, qui se meure. Mon âme qui est morte. Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes que je connais par cœur. Cadavre rieur. Lointain avenir passé qui n’est jamais venu. Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes qui m’arrachent le cœur. Et que je porte en moi. Comme un tombeau.

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                                                  Pieta by Michel Angelo

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3 juin 2008

Hallali

Catégorie: Dark Side

Je pourrais bouffer la terre, comme au bon vieux temps. Tellement ça me démange, tellement ça me dérange. J’en ai bouffé, j’en ai tué, j’en ai laminé, si j’avais pas la peau dure, je serai plus là, vieux, je serai plus là. J’ai eu des armées, j’ai eu des généraux, des manteaux de pourpre pour dîner à la table du diable. J’ai eu des pistes d’envol courbée comme les étoiles filantes et des étoiles tiens, j’en ai eu des pleines poignées, des ciels remplis, des ciels rien qu’à moi, et des chemins d’or et de sable pour y mener tout droit. J’ai descendu des cons, et des escaliers, et des enfers, j’en ai bouffé, soupé, craché, craché mes tripes, éventré depuis le fond jusqu’en haut, la tête sur le billot j’ai gueulé comme on gueule en naissant, comme on gueule mort de peur, comme on gueule pour sauver sa tête. Je me suis arraché toute la peau, toute la peau, à grand lambeaux, dans la crasse et le sang, à régurgiter ma bile, à rendre mon âme par devant, comme si elle sortait de moi avec les boyaux, par l’estomac, et même que ma cervelle aurait pu venir dans le tas. Je me suis arrachée, à ces cendres mortes de chair calcinée, à ses corps qui pourrissent au fond des cauchemars, avec les monstres blessés qui grondent et qui crèvent, qui attendent pour vous écorcher. Je me suis lacéré, entaillé les paumes, et les poignets, et les doigts, et les bras, à m’accrocher encore, pour ne pas mourir, pour ne pas glisser, pour ne pas qu’on m’avale, qu’on m’étreigne dans cette crémation purulente, dans ce néant hurlant. J’ai rampé, j’ai rampé l’ami, dans la merde, dans la boue, et j’ai vu mon corps se répandre en miasmes et suintements, se liquéfier, alors que j’avais des armées, alors que j’avais des généraux il n’y a pas si loin. J’ai vu mon corps partir en lambeau oui, sanglant, et mes croutes se défaire par plaques, pendant que je gueulais, comme on gueule quand on meurt, quand on ne veut pas mourir, quand on n’a pas le choix. Comme on gueule à la guerre, au milieu du hurlement strident des monstres qui agonisent, qui dévorent, au milieu des tranchées qui ravinent la vie. Comme on gueule quand on va bouffer la terre. Juste avant de crever.

die_screaming_by_keith_williams
                                                       Die Screaming by Keith Williams

8 avril 2008

Déni

Catégorie: Dark Side

J’aurai lâché ta main il y a bien longtemps, j’aurai lâché ta main un matin de printemps. A force d’y penser j’aurai oublié. J’aurai lâché ta main comme on laisse glisser. J’aurai lâché ta main comme on sourit, j’aurai lâché, sans même  avoir envie. J’aurai lâché ta main à force de fatigue, à force de tenir les poings et dents serrés. J’aurai lâché ta main, pour m’en aller tranquille, te laissant t’échapper, glisser, et t’effacer. J’aurai lâché ta main il y a longtemps, j’aurai lâché ta main juste en fermant les yeux. A force de tenir trop fermement, trop fort, j’aurai lâché ta main, un peu comme une mort. J’aurai lâché ta main, un matin de printemps, m’occupant d’autre chose, allant de mon chemin, quittant cette place ou trop longtemps je fus, j’aurai lâché ta main comme un adieu muet, comme un aveux trop tard, quelque chose qu’on défait. J’aurai lâché ta main et m’en serait allé sans même me retourner, sans même t’en vouloir. J’aurai lâché ta main à force de tenir. J’aurai lâché ta main pour en reprendre une autre. J’aurai lâché ta main si ça n’était que peine. J’aurai lâché ta main il y a bien longtemps, si je n’avais pas peur que ce soit là la mienne.

decayoflovebyeddietheyeti
                        Face Skin by Unknown

3 avril 2008

Pandore

Catégorie: Dark Side

Dans l’absurdité vaine des coffres forts, j’aurai voulu loquer les questions les plus sourdes. Les prendre à double tour dans le métal même, les gonder, être sur qu’elles ne sortiraient pas. Les y empreigner, d’un coup sec et rude, et refermer sur elles la porte la plus lourde. Pourvoir sereinement oublier ces harpies, tourner les talons et vaquer à ma vie. Comme si dans ces coffres il n’y avait que vents et poussières, rien d’important. J’aurai voulu les prendre à ce piège, fermement, comme on range les armoires. Attacher leurs hurlements à des poids, que j’aurai posés bien au fond contre les parois, et sceller la boîte sur leurs agitations, ignorant leurs derniers soubresauts au passage. Comme on fait taire les enfants turbulents. Silence, silence, on arrête. A grand coup de fermoirs et de clefs, verrouiller mes trouilles et leurs cohortes de pourquoi, de comment, de qui, de quand… les réduire au silence noir des salles fortes, condamnées inutiles. Les laisser là, et partir.
Dans l’absurdité vaine des coffres forts reposent des vents violents qui tournent en attendant de vous prendre à la gorge. J’aurai voulu le savoir.
Avant de les ouvrir.

omarvega
                                            Unknown Title by Omar Vega

14 janvier 2008

Limpiar

Catégorie: Dark Side

Saigner. Parce que je ne sais faire que ça. Je ne suis que du sang, seulement du sang. Le sang rouge des fleuves, le sang noir des canaux. Le sang à n'en plus finir, hémoragie vivante. Je ne suis que le sang, se vidant sans fin, se vidant inexorablement, aveugle au monde, sourd, se vidant sans fin, seulement du sang emportant tout le reste. Du sang sur les mains, du sang au bout des doigts, au bord des yeux, je ne suis que du sang. Noyée visqueuse, glissant, dérivant dans le bouillon criminel. Coupable et meurtrière, victime qui assassine, je ne sais faire que ça. Gisant au milieu de ma dérive. Cadavre inutile et vain, je ne vais pas, je m'écoule. Car je ne suis que du sang. Impossible à rincer.

Chukthula_by_drawrobot
                                  Chukthula by Drawrobot

14 octobre 2007

Salissures

Catégorie: Dark Side

J'en ai plein les veines des appels au secours, des noyades, des brisures sur les glaces, j'en ai plein le corps des encres noires qui envahissent et étouffent, qui remplissent les vides de leurs arcades sombres. Plein le corps, des canaux viciés qui s'écoulent en silence, tortueux et sans fin. Des apics vertigineux plongeant vers les ténèbres. Des grondements sourds derrières les parois de chairs. J'en ai plein la tête des hurlements stidents dans les couloirs étroits sans lumière, sans air. Des murs suintant couverts de pouriture. J'en ai plein les veines, des cadavres bouches ouvertes, des restes, des morceaux qui dérivent dans les miasmes épais. J'en ai plein les veines. Des souvenirs mordants en putréfaction qui n'en finissent pas de me dévorer.

Rusty_by_designingrossa
                                                        Rusty by Designingrossa

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