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7 juillet 2008

Mausolée

Catégorie: Dark Side

Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes que je connais par cœur. Je feins de t’ignorer, quand tes yeux me poursuivent comme des démons aimables. Je feins de ne pas sentir les vagues à l’intérieur qui déferlent en cadences. Sur le papier tu restes, jeune et beau, lointain passé, lointain avenir que rien n’atteindra. Tu es resté, quand je passe et me fane, ratant tout ce qui nous aurait fait. Sur le papier mon ange tu as laissé nos plus belles promesses, celles qui m’appartiennent et me rendent plus seule, et les secrets qu’on lie aux corps fatigués et qui se défont pendant que tu t’éloignes, que tu m’échappes, tant la vie se résigne, nous éteint. Et ton étreinte, sur le papier mon ange, n’en reste que ces traces, des courbes et des serments que rien ne retient, qui se délient, se défont, au fur à mesure que tes yeux s’imprègnent à l’intérieur comme des brulures sombres. Je feins de t’ignorer, je feins de ne pas croire que nous avons été, que nous sommes, que tu demeures, que tu t’éloignes, que tu me dévores, que nous nous consumons à l’abri du jour, sans que rien ne se voit, puisque nous aurions pu être, puisque nous avons été, puisque nous sommes. Je feins de ne pas sentir mon âme qui se défait, attaché à la tienne, qui s’en va, qui renonce, qui s’en fiche, qui se meure. Mon âme qui est morte. Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes que je connais par cœur. Cadavre rieur. Lointain avenir passé qui n’est jamais venu. Sur le papier mon ange, tu as laissé des courbes qui m’arrachent le cœur. Et que je porte en moi. Comme un tombeau.

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                                                  Pieta by Michel Angelo

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