Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
In my Pocket
Archives
9 octobre 2007

Bombe Humaine

Catégorie: Dark Side

Imploser comme une bombe. Imploser. Mortelle. Assassine. Anéantir jusqu'au dernier, anéantir la terre, le temps, et qu'il ne reste rien qu'un chaos sourd et brûlé, qu'un cratère. Mon corps est comme du lait sanglant, s'écoulant à grand remous dans des récipients de plexiglass. Où sont la lave et la fonte qui me faisaient autrefois, les océans à perte de vue que je prenais quand la respiration me manquait? Il n'y a plus que des machines hurlantes, métal qui ravage mes horizons comme on creuse des tombes. Il n'y a plus que ce cri qui ne monte pas, le silence figé derrière la vitre, pendant qu'on me débite, et des envies de tout foutre en l'air. De tous les emmener avec moi, à grand renfort de poudre, que je puisse hurler vraiment, cette fois, hurler jusqu'à ce que je m'en fragmente. Où sont le feu et la chaleur qui m'ont menée jusque là, la foi, mes rêves? Il n'y a que leurs figures criardes dégueulant sur ma vie, et leurs rires j'ai envie de les trancher d'un côté jusqu'à l'autre. De voir leurs têtes rouler. Il n'y a que leurs exigences raides et aveugles, et des choix pointus pour s'empaller dessus. Et des mensonges, de cisaillantes ritournelles qui vrillent l'air ambiant de leurs odeurs d'acide. Mon âme est comme une chair rabotée et jetée, morceaux saignant qui s'en vont pourir, dans ces tranchées vaines que leurs machines borgnes ouvrent dans cette boue. Et leurs sourires, j'aimerais leurs en fendre d'éternels. En travers de la gorge, en travers du corps, définitifs et suintants, des sourires qui ouvrent en deux et font taire. Que je vois l'intérieur de ces monstres hurleurs qui découpent ma vie comme à l'abattoir, sans même que je puisse hurler du haut de mon crochet. Sans même que je puisse hurler ni me débattre. Dans cette désolation à perte de vue, le bruit asourdissant de la fatalité qui vous explose le coeur. Comme les carcasses qu'on broie, jetées par bac entier dans les mâchoires de fer qui laminent et qui crachent. Il n'y a que leurs dents et leurs couperets. Il n'y a que ces champs de bataille où je rampe, plein du fracas meurtrier de leurs rires. Et je voudrais imploser. Le visage dans ces tranchées sans fin. Sans même relever les yeux vers un ciel mort. Comme une bombe. Imploser. Dans un souffle brûlant balayant la terre. Soulevant mon coeur. Sauvant mon âme. Imploser comme une bombe. Mortelle. Pulvériser mon corps. Le leur. Et ne plus les entendre. Qu'il ne reste rien qu'un silence retombant. Mon hurlement.

Scream_by_Grzegorz_Kmin
                  Screm by Grzegorz Kmin

Publicité
Publicité
4 octobre 2007

Interné

Catégorie: Dark Side

J'aurais pu dire le vent. J'aurai pu dire la courbure du soleil qui passe l'horizon. J'aurais pu dire comment le temps se lève depuis le coeur des fôret, comment il balaye les herbes hautes des plaines en bord de falaise. J'aurais pu dire la couleur des sables que poussent les caravanes, le chant des esprits qui montent avec la nuit. J'aurais pu dire comment passe midi, la fraîcheur des soirs d'automne qui glissent le long des canaux qui s'endorment. Les quais éternels qui s'étirent dans la lumière brillante des réverbères des villes. J'aurais pu dire le craquement du feu qui rougit les yeux du mystère de ses flammes. J'aurais pu dire la pluie qui s'amuse et qui s'insinue au travers des manteaux, à qui rien de résiste et qui laisse son baiser humide sur la peau glacée. J'aurais pu dire le silence immobile des après-midi qui s'étirent dans le bleu et le blanc, les voiles qui claquent dans les embruns des océans, le parfum du sel. J'aurais pu dire comment la terre étreint l'eau, comment elle se gorge et transpire, le contact froid et la force des pierres.

J'aurais pu dire, en regardant au loin, comment le temps passe, sans jamais se faire prendre.
Mais je regardais dedans. Dedans le temps ne passe pas.

Je regarde dedans.
Et de là où je suis je vois tout.

Ce que j'aurais pu vivre.

20061015195407_img_0291
                                     Train by Unknown

27 septembre 2007

Mineur

Catégorie: Dark Side

Ce soir j'ai lu des trucs dans des blogs de profs, j'ai lu des trucs et ça me fout en boule. J'en aurais bien rajouter une couche, sauf que devoir de réserve quoi... alors...

A coup de pioche, le manche et la hache
Dans le ventre, à coup de coude
La route des perdants, ceux qui tracent la chance
Au petit bonheur, voleur
A coup de doute, à l'arrache, à la manche
Remonter les sillons, refaire, sans entendre
Dans le ventre, à coup de foudre
Faut en avoir branleur
Pour être encore debout, à la mine
Avalanche, y'en a qui en dégueule
Et jamais de revanche
Ecrase, à coup de botte, à coup d'écrou
Vérouille, et tenir tête
A claque, déglingue
Et braque, cradingue
A coup de bol, coup de sang
On en a partout
On en redemande
Et signer, arracher, enrouler
Dans le vent, branleur
Dans le temps, perdu, loin
A coup de remou, de remord
A la cisaille comme on louvoie
La ruse, la passe et la feraille
Racler le fond, la merde,
Ramasse, et fais ta danse
Relève la tête, crevard
A coup de poing,
Dans le ventre,
Cerclage à blanc dans la chair blème
A bout, en joue
Perdant qui traîne à mort
Des bras comme des barbelés
Accroche, déchire, transpire, ricoche
Gueule et vas-y à coup de canon
Dans le ventre, ignorant
Dans le ventre, du plomb
Et on en crève
Lève la merde
Ferme ta gueule
Tu tiens le ciel à coup de pioche
Faut en avoir branleur
Des bras comme des arbres
A coup de coeur.
Et tout le monde s'en chauffe.
Et tout le monde s'en branle.

disarray
                                     Disarray by Unknown

11 septembre 2007

Campagne

Catégorie: Dark Side

Je ne sais pas les mots, je ne sais pas les phrases. Je ne sais pas en jouer. Je n'ai que des sabots, de la crasse, quelque chose qui renâcle, quelque chose qui coince, et qu'on passe en force et qui crisse, et qui crie. Je n'ai que cette plainte qui ne se plaint pas, qui ne se dit pas, ce quelque chose d'honnête et de sale, ce quelque chose de petit, de franc, de peu. En venir les mains ouvertes avec rien à offrir si ce n'est du vent, et l'intention, une bonne volonté réduite à rien parce qu'il n'y a rien dans ses mains qui se voulaient offrantes. N'être que le refus, la vaine tentative, celle qui tient bon, qui s'accroche, comme la vermine. N'avoir pour seul panache que celui d'être là, et de faire, faire en force, faire mal, faire en biais, et que ce ne soit pas assez certes, mais que ce soit tout ce qu'on pouvait faire. Je n'ai pas le visage, serein et beau, je n'ai qu'une face, et des pognes, maladroites, serviles, n'osant pas les gestes, que ceux rustres et simples, ceux qui font vivre, ceux qu'il faut pour vivre. Et rester debout, et attendre, sans savoir faire bien, juste être venu, comme il fallait. Je suis pauvre en mon âme, et pauvre de mes doigts. Je n'ai pas l'esprit aigu, le regard haut. Je ne suis qu'une plainte qui ne se plaint pas, celle qui passe, servile et sans rancune, dans l'ignorance, qui a finit de hurler depuis longtemps déjà. N'ai-je même jamais hurlé?
Je ne sais pas les mots, je ne sais pas les phrases. Je n'ai que cette vie. Et sans espoir je vais, simplement. Comme on se débat, j'existe. Sans savoir, sans attendre, de vaines tentatives en vains échapatoires. Avec cette douleur sourde et innommable, celle qui monte à l'horizon les soirs d'hiver, et ceux d'été, quand tout se tend, prêt à céder. En venir les mains ouvertes, et qu'on me prenne pour un mendiant, quand tout ce que je voulais c'est donner. Même ça, je ne sais pas le faire. N'être que ce sourire qui s'accroche comme un pendu. Avec pour seul panache d'être venu quand même, quand je savais qu'on me pendrait, de n'avoir pas hurler.
Je ne sais pas les mots, je ne sais pas les phrases. Je ne sais pas en jouer. Puisque personne n'écoute. Je ne sais pas. Sinon j'aurais hurlé. Si j'avais su faire, si j'y avais pensé. Avec mes mains, j'aurais hurlé.
J'aurais hurlé.
A mort.

life_is_cheap_by_solarider
                                                         Life is cheap by Solarider

12 mars 2007

Boucher

Catégorie: Dark Side

J'aurai du lui enfoncer son couteau dans la gorge, bien en travers, bien comme il faut, sans même réfléchir, lui faire avaler la lame, bien profond. Le planter comme un crevard, si tu me cherches, tu vas morfler, branleur, à l'arme blanche et au sang chaud, te découper en tranche j'en crève d'envie, ça me monte aux tripes si tu savais, j'aurai du lui enfoncer son couteau dans la gorge, lui faire ravaler ma colère. Te tailler comme un cochon, en vrac, à chaud, te voir gargouiller dans ta morve, petite frappe et grand gueule pas vrai, je devrais y aller au hachoir, y aller en travers, te couper comme on massacre, à la scie, j'aurai du en faire des bouts, que ça gicle, si je m'en fous tu penses, voleur. Te planter ça s'rait trop doux, j'aurai du te déchiqu'ter. Avec les dents.

caravage_david

                                     David et Goliath by Le Caravage

Publicité
Publicité
11 mars 2007

Les yeux sous la terre

Catégorie: Dark Side

Tu devrais les entendre qui glissent sous la terre, tu devrais les entendre, leurs murmures, eux qui sont partout, qui voient tout, tu devrais savoir leurs yeux et les écouter qui bruissent depuis les profondeurs des ombres. Tu devrais les entendre, ils te regardent, ils te suivent. Ils te connaissent, eux, les yeux avec des dents pointus, ceux qui attendent, ceux qui savent. Tu devrais les sentir sous tes pieds, quand ils se réveillent et s'agitent, quand ils vibrent et se mettent en chasse. Tu devrais les entendre. Eux avec des yeux d'acier, qui entaillent et qui hurlent. Quand ils réclament. Juste avant. Tu devrais les entendre. Voleur. Ne plus bouger. Et tu devrais te taire. Eux qui te regardent. Ils t'attendent.

Alucard_by_Anathema6205
                               Hellsing by Kohta Hirano

16 février 2007

Négation

Catégorie: Dark Side

Il suffirait que je me retourne pour que la terre change, pour que la terre s'ouvre, et que devant moi soudain se dessine une route jusqu'à l'horizon, une route longue, une route droite, une route dans un désert bleu et chaud, une route qui ne s'arrête jamais, ne commence pas, une route où il n'y aurait personne. Il suffirait que je ferme les yeux pour qu'il y ait devant moi une route, la poussière, le temps qui goutte comme s'il n'en pouvait plus, comme si rien d'important ne passait jamais par là, à part le temps, et que le ciel au dessus de la route soit la seule chose ici qui soit réelle. Je voudrais pouvoir ouvrir les bras, et être là, au milieu de cette route longue et droite, cette route de nulle part, dans le silence des journées qui s'étirent, dans le silence d'un monde qui n'existe pas, où personne ne viendra vous chercher, et où l'on peut rester toute une vie debout au milieu de la route, à suivre les nuages des yeux. Il suffirait que je me retourne, si j'y croyais assez fort, pour que toute cette vie s'arrache de moi comme un décors, et que tous disparaissent, avalés, fondus dans le bleu immobile de cette route qui file, qui file tellement qu'on a pas besoin d'aller avec elle. Ca me suffirait moi, de savoir qu'elle vient de quelque part et qu'elle va quelque part, moi je pourrais rester là, pour le reste du temps. Je pourrais rester perdue et seule au milieu de nulle part. Puisque de toute façon je le suis déjà. Il suffirait que je me retourne pour que la terre change, pour que la terre s'ouvre et que devant moi se dessine soudain une route jusqu'à l'horizon, une route longue, une route droite, une route dans un désert, bleu et chaud celui là. Bleu et chaud. Où il n'y aurait vraiment personne. Où je serai celui que je ne peux pas.

Through_the_Veil_by_Animesh_Ray
                                                   
Through the Veil by Animesh Ray

27 janvier 2007

Bain de sang

Catégorie: Dark Side

De tous les bains que l'on vide où ne reste que des corps froids, je voudrais les entendre se taire, qu'on les réduise au silence, en cendre à l'avenir, j'aurais préféré que le blanc de la porcelaine ne soit pas si tranchant. J'avais du verre à l'intérieur, avec la neige qui fait de son manteau un linceul quand les lumières se coupent. Il n'y a rien de plus tranchant que soi, rien de plus tranchant que ces doigts au bout desquels les plus sûrs rasoirs s'en viennent trancher la chair qui est de trop, toujours de trop. Pas de respiration assez forte pour m'éclater de l'intérieur, me défaire de ce corps lourd et mort, et mes os qui sont comme des reliques d'une vie que je n'ai pas. Je pourrais hurler quand bien même tout ceci demeurerait plus surement que ma peur, que ma haine, il n'y a personne qui soit assez prisonnier dans quelque chose de si faible et de si résistant, quelque chose d'aussi méprisable, cage de chair, cage de verre. Je voudrais bien qu'ils se taisent, ceux qui vont par deux, que je déteste tellement tout ceci est petit, tellement je me retourne, tellement je hais cette chose qui pend, qui pèse, qui saigne, à n'en plus finir, sur toutes les moquettes de mes rêves, qui plombe mes silences et mes avenirs. Pas d'horizon pour celui qui se porte, qui se tient. Et laisser dans le bain ces corps lourds, encombrants, qui ne sont rien que des tas capricieux auxquels rien ne va, rien de bon. Et faire taire tous ceux qui en rient, et qui trouvent là le seul réconfort à cette vie qui dégouline. J'ai de la glace à l'intérieur, des porcelaines rouge vif qui transpirent de froid. Des sueurs bleues opalines à arrêter de respirer, puisque ça goute, puisque ça fond. Des couteaux à la place des mains, des couteaux à la place du cœur, à défaut de celui qu'on me plante dans le dos. Et rester debout, se tenir. Au bord des lavabos et le cœur en charpie. Siphonnant le peu de chance, le peu d'espoir qu'il y a à être vivant, j'ai de l'acier brossé qui se raye à force de vouloir s'échapper. Et de tous les bains que l'on vide où ne reste que des corps froids, je voudrais les entendre se taire, qu'on me réduise à la terre. La chair est trop faible. J'aurais préféré que le blanc de la porcelaine ne pourrisse pas tant. Qu'on m'éclate la tête. Puisque je ne suis que du papier de verre. Qu'une prisonnière bouche bée, suffocant dans une gangue de glace, et de tous les bains que l'on vide le mien m'est insupportable. S'il n'y a rien de plus tranchant que soi.

Dougga_LycinianBaths__by_cecilia_lim
                                                          Lycinian Baths by Cecilia Lim

15 décembre 2006

Etrangers

Catégorie: Dark Side

Les étrangers sombres en manteau d'infortune, quand l'inappartenance stigmatise et découpe, de la terre et du monde, quand les pièces des linges ne sont que des fantômes trainant dans le soir, à nos épaules comme seule compagnie, comme seul fardeau.
Les étrangers sont seuls partout, quand aucunes langues ne leur parlent, quand nul âme ne leur répond, absents de chair, debouts dans le vent, dans la masse, pris dans le tourment de l'humanité, jamais tranquilles, jamais d'ici, jamais vivants. Prisonniers d'un temps qui ne se découle pas, en bord de vie, la marge vertigineuse d'une immensité à pic, qui tranche, à vif. Une boite sans parois, plantée en travers du corps, d'une existence entière.
Les étrangers n'ont pas d'univers, que ceux des autres en négatif, dans le contre balancement des envies, le rythme flou et glauque du chaos. L'errance. Et le monde se tait.
Les étrangers sombres sont forcément d'ailleurs, sans attaches ils glissent, ils échappent. Sans aucun semblable, semblant se défaire de la réalité, ils ne sont que ces ombres face à la mer. Et la peur.
Les étrangers.
Ceux à l'intérieur.

alone_by_nazarin_hamid
                                                   Alone by Nazarin Hamid

13 décembre 2006

Coupables

Catégorie: Dark Side

Les Titans peuvent dormir. On a abattu tous les traîtres et tous les vils, et les Titans peuvent dormir. Sans relâche, nous avons pourfendu les plus odieuses calomnies, pourfendu de bas en haut, ouvrir le ventre de ceux là, en vider la chair et le sang, la bile et la noirceur. Nous avons été au delà des océans et des territoires, laver les souillures avec d’autres, lacérant nos apparats dans leurs tristes sillons. Les Titans peuvent dormir. Il fallait arracher encore les impies rampantes et les harpies galopantes, sombres douleurs dans leurs corps. Nous avons pris toutes les armes, nos griffes et celles des diables, et nous avons arraché. Des ciels sombres s’ouvraient au dessus de nos tombeaux alors, que nous avons avalés comme les torrents boueux avant eux. Coulant dans nos veines tous les sales mélanges ont fait un ciel plus clair et notre sang plus rouge. Les Titans peuvent dormir tranquilles. On a rejoint les falaises pour y tenir la mer, que quand elle monte, monte notre force. Plus de batailles dans leurs plaines, nous avons défait tous leurs bourreaux à coup de supplices et de feu, nous avons brassé leurs misères à d’autres plus mordantes. Ils en sont restés morts, et nous toujours plus vivants.
Allez dire aux Titans qu’ils peuvent dormir tranquilles, maintenant qu’ils ne restent plus qu’eux.
Maintenant que nous sommes sur les chemins de nos victoires.
Maintenant que nous sommes coupables.

tatoo
                                                                                                 Tatoo by Unknown

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 > >>
In my Pocket
Publicité
Publicité