Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
In my Pocket
Archives
3 juin 2008

Hallali

Catégorie: Dark Side

Je pourrais bouffer la terre, comme au bon vieux temps. Tellement ça me démange, tellement ça me dérange. J’en ai bouffé, j’en ai tué, j’en ai laminé, si j’avais pas la peau dure, je serai plus là, vieux, je serai plus là. J’ai eu des armées, j’ai eu des généraux, des manteaux de pourpre pour dîner à la table du diable. J’ai eu des pistes d’envol courbée comme les étoiles filantes et des étoiles tiens, j’en ai eu des pleines poignées, des ciels remplis, des ciels rien qu’à moi, et des chemins d’or et de sable pour y mener tout droit. J’ai descendu des cons, et des escaliers, et des enfers, j’en ai bouffé, soupé, craché, craché mes tripes, éventré depuis le fond jusqu’en haut, la tête sur le billot j’ai gueulé comme on gueule en naissant, comme on gueule mort de peur, comme on gueule pour sauver sa tête. Je me suis arraché toute la peau, toute la peau, à grand lambeaux, dans la crasse et le sang, à régurgiter ma bile, à rendre mon âme par devant, comme si elle sortait de moi avec les boyaux, par l’estomac, et même que ma cervelle aurait pu venir dans le tas. Je me suis arrachée, à ces cendres mortes de chair calcinée, à ses corps qui pourrissent au fond des cauchemars, avec les monstres blessés qui grondent et qui crèvent, qui attendent pour vous écorcher. Je me suis lacéré, entaillé les paumes, et les poignets, et les doigts, et les bras, à m’accrocher encore, pour ne pas mourir, pour ne pas glisser, pour ne pas qu’on m’avale, qu’on m’étreigne dans cette crémation purulente, dans ce néant hurlant. J’ai rampé, j’ai rampé l’ami, dans la merde, dans la boue, et j’ai vu mon corps se répandre en miasmes et suintements, se liquéfier, alors que j’avais des armées, alors que j’avais des généraux il n’y a pas si loin. J’ai vu mon corps partir en lambeau oui, sanglant, et mes croutes se défaire par plaques, pendant que je gueulais, comme on gueule quand on meurt, quand on ne veut pas mourir, quand on n’a pas le choix. Comme on gueule à la guerre, au milieu du hurlement strident des monstres qui agonisent, qui dévorent, au milieu des tranchées qui ravinent la vie. Comme on gueule quand on va bouffer la terre. Juste avant de crever.

die_screaming_by_keith_williams
                                                       Die Screaming by Keith Williams

Publicité
Publicité
Commentaires
V
Euh... ça a vraiment pas l'air d'aller là...
Répondre
In my Pocket
Publicité
Publicité