Immortelles
Catégorie: Anecdotes
Hier en rentrant de l'école, j'ai commis un horrible crime.
Ouais parce que y'a une chose de merdique quand on vit à la campagne et qu'on fait du vélo, je devrais dire et qu'on ne fait QUE du vélo... c'est quand l'hiver arrive et que la nuit tombe tellement vite qu'à 19h quand je pars de l'école, forcément il fait noir comme dans un four.
Parce que oui, l'éclairage public à la campagne ça existe, mais seulement dans les bourgs, et le long de la nationale. Pour le reste, allumez vos phares. Il a fallu que je costumise mon vélo pour avoir moi aussi un phare, et pas une de ces loupiotes ridicules qu'on vous vend chez décathcon parce que ça c'est juste bon pour les cyclistes des villes. Les cyclistes des champs il leur faut une énorme lampe de chantier comme ça:
Sinon c'est casse gueule assuré, surtout que la piste cyclable n'a pas de marquage au sol, donc difficile dans le noir de faire la différence entre la piste et le bas côté, et donc entre la piste et le fossé. Mieux vaut avoir une bonne lumière. En plus la mienne elle clignote orange comme les tracteur si je veux!
Revenons-en au crime. Parce que quand même ce genre de lumière ça éclaire bien, mais dans un four il fait VRAIMENT noir, et donc ça éclaire pas très loin, juste pour voir la route devant les roues quoi. Et hier soir je roulais à toute barzingue, pressée de rentrer, contente que ma visiste ce soit bien passée, et quand elle passe au milieu du sous bois la piste est plane, donc j'accélère, et là, d'un seul coup, l'angoisse! Des salamandres partout!!! Des petites, des plus grosses, partout sur la piste! A cause de brouillard et surtout à la faveur de la nuit, eles étaient sorties se balader elles aussi... je me suis retrouvée à faire des slaloms de malade, coups de guidon à droite et à gauche, roulage sur le bas côté, récupération de trajectoire et je m'en sortais bien jusqu'à l'accident. Redressant pour en éviter une, je n'ai pas eu le temps de donner un nouveau coup de guidon, et chlak! j'en ai coupé une en deux, une de belle taille en plus, je lui suis passée en plein milieu, avec les deux roues...
Je n'ai pas osé me retourner pour voir le massacre. L'espace d'une seconde j'ai pensé à m'arrêter pour aller voir, mais imaginant la petite bête éclatée ou même agonisante et moi totalement impuissante je me suis dit que ce n'était même pas la peine. Bon ok ce n'était qu'une salamadre me direz-vous? Mais justement! Les salamandres m'ont toujours fascinées, je trouve ces animaux étranges, un peu comme s'ils détenaient un secret particulier. J'ai toujours imaginé que les salamandres avaient été frappées d'une malédiction, comme dans les contes de Grimm, et que ces étranges petites bêtes savaient des choses pour lesquelles ont les avaient punies, pour qu'elles ne puissent jamais le répéter. Et moi j'en ai coupé une en deux.
J'y ai pensé au moins sur un bon kilomètre, dans le noir, les yeux concentrés sur la langue de goudron devant moi.
Je suis un assassin.
Le lendemain matin, arrivant à l'endroit du crime je m'attendais à être confrontée au corps, mais la nature avait fait son travail et quelques charognards, oiseaux ou rongueurs, avaient du se repêtre du cadavre parce qu'il n'y avait aucune trace.
Aucune.
C'est la loi de la nature. Reste que l'espace d'un instant j'ai eu un doute...
Et si les salamandres étaient vraiment des petites bêtes fantastiques?