Catégorie: Etats d'âme
Etre une abstraction du monde, à côté, en dehors. Ne pas le comprendre. Faire le caméléon. Avancer comme ça, en mutant, en se fondant, en reproduisant ce que j'ai observé, ce qui semble se faire, ce qui semble passer. Sans comprendre, juste copier, par instinct de survie. Ne pas communiquer vraiment, ne pas respirer non plus, se cacher, se travestir, observer et reproduire. Dans l'inquiétude de ce qui n'a pas de sens, de ce qu'on fait machinalement, l'oeil rivé sur le modèle, pour s'y conformer, en priant que personne ne se rende compte qu'on est incapable, qu'on est vide, sans besoins, qu'on ne parle pas cette langue, qu'on ne connait rien à la vie.
Etre une abstraction du monde, à un point d'en devenir un non sens. A un point que je ne suis pas vraiment là. Que ce que je fais, je le fais en copiant, parce qu'il semblerait que ce soit la norme, que ce soit ce qui remplit le temps des hommes, qui occupent leurs vies, ce qui se fait. Je fais tout ça sans comprendre, sans m'y amuser, sans m'y intéresser, car rien ne m'intéresse et je n'ai besoin de rien. Tout semble vide de sens pour moi. Alors je singe. Tant que je peux. Jusqu'à un certain point. Car tout ne se singe pas. Le reste, je l'omets, je le cache. Je ne mens pas. Je passe sous silence.
Etre une abstraction du monde. Ne jamais en faire partie, seulement le regarder. Même si de toutes mes forces je voudrais en être, ne pas avoir le code. Et être exclu, simplement. Sans que ce soit le faute de personne ni de rien. Juste ne pas avoir le code. Et rester là à regarder, observer, reproduire. Survivre. Sans comprendre.
Sans savoir ce qu'il faudrait ressentir.