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27 janvier 2007

Bain de sang

Catégorie: Dark Side

De tous les bains que l'on vide où ne reste que des corps froids, je voudrais les entendre se taire, qu'on les réduise au silence, en cendre à l'avenir, j'aurais préféré que le blanc de la porcelaine ne soit pas si tranchant. J'avais du verre à l'intérieur, avec la neige qui fait de son manteau un linceul quand les lumières se coupent. Il n'y a rien de plus tranchant que soi, rien de plus tranchant que ces doigts au bout desquels les plus sûrs rasoirs s'en viennent trancher la chair qui est de trop, toujours de trop. Pas de respiration assez forte pour m'éclater de l'intérieur, me défaire de ce corps lourd et mort, et mes os qui sont comme des reliques d'une vie que je n'ai pas. Je pourrais hurler quand bien même tout ceci demeurerait plus surement que ma peur, que ma haine, il n'y a personne qui soit assez prisonnier dans quelque chose de si faible et de si résistant, quelque chose d'aussi méprisable, cage de chair, cage de verre. Je voudrais bien qu'ils se taisent, ceux qui vont par deux, que je déteste tellement tout ceci est petit, tellement je me retourne, tellement je hais cette chose qui pend, qui pèse, qui saigne, à n'en plus finir, sur toutes les moquettes de mes rêves, qui plombe mes silences et mes avenirs. Pas d'horizon pour celui qui se porte, qui se tient. Et laisser dans le bain ces corps lourds, encombrants, qui ne sont rien que des tas capricieux auxquels rien ne va, rien de bon. Et faire taire tous ceux qui en rient, et qui trouvent là le seul réconfort à cette vie qui dégouline. J'ai de la glace à l'intérieur, des porcelaines rouge vif qui transpirent de froid. Des sueurs bleues opalines à arrêter de respirer, puisque ça goute, puisque ça fond. Des couteaux à la place des mains, des couteaux à la place du cœur, à défaut de celui qu'on me plante dans le dos. Et rester debout, se tenir. Au bord des lavabos et le cœur en charpie. Siphonnant le peu de chance, le peu d'espoir qu'il y a à être vivant, j'ai de l'acier brossé qui se raye à force de vouloir s'échapper. Et de tous les bains que l'on vide où ne reste que des corps froids, je voudrais les entendre se taire, qu'on me réduise à la terre. La chair est trop faible. J'aurais préféré que le blanc de la porcelaine ne pourrisse pas tant. Qu'on m'éclate la tête. Puisque je ne suis que du papier de verre. Qu'une prisonnière bouche bée, suffocant dans une gangue de glace, et de tous les bains que l'on vide le mien m'est insupportable. S'il n'y a rien de plus tranchant que soi.

Dougga_LycinianBaths__by_cecilia_lim
                                                          Lycinian Baths by Cecilia Lim

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Commentaires
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Bonjour, comme toi, je suis une blogeuse et j’adore ce petit monde plein de douceur, de vie qu’est la blogosphère. Pour faire partager le plaisir que j’ai en découvrant de nouveaux blogs, j’ai décidé de faire découvrir chaque jour un blog à mes lecteurs (qui ne sont pas encore trop nombreux mais qui sont présents) et aujourd’hui, c’est le TIEN !!! Bonne journée et continue comme ça, ton blog est super !
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