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21 octobre 2008

Délirium

Catégorie: Etats d'âme

Ma vie comme une cage. Comme le quai d'une gare. Des tas de trains, que je ne prends jamais. Je passe mon temps à attendre, sans même savoir quoi. En fait je n'attends rien. J'attends juste que le temps passe. Les gens prennent les trains, ils montent, ils descendent, ils essaient, ils aiment, ils vont et viennent dans la vie. Moi je reste assise là, à me dire que je devrais prendre un train. Mais je n'ai pas vraiment envie. C'est trop tard. C'est trop dur. Je ne sais pas à quoi ça sert. Les trains me fatiguent, ils me donnent envie de hurler, ils me donnent envie de fuir, de m'enterrer, ou de tuer tout le monde. Je me rends bien compte que ce n'est pas normal. Je sais aussi que c'est pas nouveau. Ca fait longtemps, très longtemps que je suis assise là. Y'a longtemps que j'ai du rater le train qui était pour moi, et tout a merdé ensuite. Ou alors il n'y a jamais vraiment eu de trains pour moi. Je ne suis que celle qui reste assise sur le quai. Je n'existe pas vraiment, je ne fais que passer. Je reste et je passe. Les autres me voient depuis la fenêtre de leur trains à eux, ils ont l'impression que je bouge moi aussi. Mais moi je reste là. Je ne bouge pas, je ne fais qu'attendre. Je n'attends même pas un autre train, je n'attends même pas que ça s'arrête. C'est juste que j'attends. Une part de moi est résignée, une part de moi sait qu'elle est incapable de monter dans un train, quel qu'il soit. Dès que les portes s'ouvrent, j'en ai la nausée. Tellement peur, tellement marre, trop de questions. Je préfère regarder les portes se refermer. Je ne suis pas capable d'autre chose. Je prie même pour qu'elle se referme. Que ce train s'en aille. Vite. Loin. Une part de moi s'en contente, s'en fout, une part de moi ce dit qu'elle n'est pas d'ici. Qu'elle n'a jamais été d'ici. Une part de moi attends juste de partir pour de bon. Parce que ça ne sert à rien, parce que c'est que du vent, parce que c'est trop lourd, parce que tout est trop difficile. Une part de moi attend. L'autre trouve ça injuste. Injuste parce que les autres y arrivent, injuste comme si on lui avait volé quelque chose. Elle se trouve condamnée, sans même savoir pourquoi. Elle est juste clouée là, interdite de train. Interdite de vie. Les autres ne savent pas. Les autres montent dans leurs trains, sans même réaliser leur chance, leur chance d'avoir eu tous ces trains dans leur vie, de pouvoir y monter et en descendre. De ne pas être condamné à attendre. Parce qu'on attend toujours seul, et sans personne pour comprendre. Une part de moi se dit que c'est foutu. L'autre s'en moque.

J'attends, sur le quai de la gare. Je ne fais rien qu'attendre. Le jour d'après. La semaine d'après au plus. Même pas plus loin que ça. J'avance dans le noir. Sans projet. Pour ça il faudrait être capable de prendre des trains. Sans vivre. Pour ça aussi il faudrait prendre des trains.

Pour ça il faudrait faire semblant que tout ceci a un sens.

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Commentaires
R
Peut être qu'on attend trop de trains blancs ou trop de trains rouges. Peut être faudrait il accepter de prendre les trains oranges....
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