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9 août 2006

La grande vadrouille

Catégorie: Anecdotes

Hier soir en promenant Touille, mon portable sonne et c'était Choute. J'avais pas eu de nouvelles depuis un bail et avant même de décrocher je savais déjà en quoi aller consister la conversation. Avec elle c'est toujours pareil, elle ne téléphone que quand y'a un problème et qu'elle a besoin de se déverser sur quelqu'un. Mais comme d'habitude je décroche, mue par cette incroyable et ridicule espoir que pour une fois elle me parle d'autre chose. Peine perdue, à peine un bonjour, même pas un "j'te dérange?" - à croire que ces mots là elle ne les connais pas - elle commence à me raconter avec tous les détails comment elle vient de se faire larguer mais que bon ça la fait chier parce qu'elle allait justement le larguer et que elle aurait voulu lui dire avant que lui le dise hein, parce que là il croit qu'il a pris la décision alors qu'en fait c'est pas vrai blablabla...

J'adopte la tactique du "ouais" qui marche super avec Choute. Toutes les deux phrases je ponctue son blabla par un petit "ouais" genre "et après?" et elle continue son histoire. En réalité maintenant j'arrive même à ne plus vraiment écouter son discours et je fais "ouais" de temps en temps ce qui me permet de vaquer à mes occupations pendant ce temps là. C'est du temps de gagner.

Et donc hier, me promenant tranquillement le long du chemin comme tous les soirs, je fais des "ouais" très faux-cul tout en scrutant les bosquets à la recherche de mûres sauvages. Quand je finis par en trouver je coince le téléphone avec mon épaule et j'entreprends d'en cueillir quelques unes, avec Touille collée à mes basques parce qu'elle en raffole. Seulement les mûres sauvages, pour ceux qui ne le sauraient pas, se trouvent sur d'énormes ronces bien méchantes, et moi grande gourmande je pousse le bouchon un peu loin et là hop une ronce se referme sur moi, me griffe, je pousse un grognement et par réflexe me redresse et poink, le portable disparait au fond du fossé. Merde. Je me débats pour me défaire des maudites épines et entreprends de retrouver l'appareil en me mettant à quatre pattes, écartant les ronces du mieux que je pouvais et fouillant précautionneusement les hautes herbes pour éviter de me faire piquer/griffer/mordre. Heureusement je retrouve vite mon portable et l'extrayant des épines je me dis que Choute à l'autre bout doit être en train de dire "t'es là? qu'est ce que tu fous? allo?" alors je remets vte le téléphone à l'oreille et m'apprête à dire un truc du genre "ouais je suis là désolée mon portable..."

Mais en fait, recollant mon portable à l'oreille: "samedi c'était pas possible mais bon il exagère quand même parce que son pote il le voit tous les jours hein, alors je lui ai dit que c'était n'importe quoi et que s'il voulait qu'on se parle..."

Elle avait continuer à parler dans le vide plusieurs minutes sans même s'en rendre compte. J'ai été prise d'un fou rire que j'ai réprimé comme j'ai pu, choisissant de ne pas lui dire ce qui venait de se passer. C'est de notre décalage que je riais. Et je me suis sentie tellement bien là où j'étais.

J'ai repris mon chemin, en grignotant les mûres. Elle a continué à parler jusqu'à avoir vidé son sac. Et puis après m'avoir dit qu'on devrait se voir une de ces semaines, elle est retourné à sa vie. Moi durant tout ce temps je n'avais jamais quitté la mienne. La tête dans le ciel bleu, les mains dans les ronces. Elle parlait, elle était loin, dans un autre monde, elle me parlait de chose qui me sont étrangères, de choses dont je n'ai que faire, et moi je ne voyais que le soleil rasant et l'horizon, les couleurs flamboyantes de l'été, j'avais en bouche l'acidité des mûres, et le temps.

C'est peut être ça le bonheur. Quand on a plus besoin d'échapper à sa vie.

Quand on s'y promène.

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Commentaires
C
J'allais te demander ton numéro pour t'appeler mais finalement ... non. ;-)
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