Catégorie: Poésie
Ami, ton nom serait dans ma chair depuis ma naissance
Et je n'aurais d'yeux que pour ton ombre,
Rattachée à la mienne depuis la naissance du jour jusque tard dans la nuit,
Et pour la fumée de tes cigarettes, qui s'enroulerait à moi sans être même en présence.
Ami, tu n'aurais pour moi que des retards sans importance,
Tant je saurais que rien ne peut altérer ton estime,
Nos valeurs,
Et jusque tard dans l'année nous serions comme en été parmi les autres
Quand nous serions ensemble,
Tu n'aurais l'oreille que pour mes bons mots, raillant les mauvais avec la délicatesse aimable
D'un frère,
Et quand viendrait le temps de se quitter
Nous serions bien incapables de faire comme s'il était vrai que nous pouvions être différent,
Séparés.
Ami, je te connaitrais bien mieux que moi-même
Et j'aurais dans les poches quelques unes de tes affaires, indifférence des échanges,
Quand tu serais un peu moi
Au bout du compte,
Quelle importance que je me perde dans ta vie, que tu te prennes dans la mienne.
Nous irions en allées venues tranquilles et évidentes,
Je pourrais mourir juste pour ton nom,
Juste à ton appel,
Donner tout ce que j'ai pour te le voir perdre
Sans que jamais ne me vienne aux lèvres l'amertume ni le regret.
Et tu saurais venir en silence t'asseoir dans mes peines comme au bord d'un quai,
Elles seraient les tiennes sans te rendre triste,
Ami, tu saurais me dire mes fautes sans me juger,
Me donner le bâton pour me battre avec bienveillance.
Je saurais guider ta conscience
Sans jamais douter qu'il ne puisse y avoir rien d'autre
De plus grand, de plus précieux
Que de savoir que tu écoutes, que tu crois,
Que je garde en grande estime
Et nos avis, et nos goûts,
Et tout ce que l'on se doit
Sans jamais être redevable, sans jamais être concevable
D'en faire payer le prix, à un ami.
Ami, ton nom serait dans ma chair depuis ma naissance
Et comme un seul homme, à l'inverse du monde
Nous serions,
Amis.
Jesus et son ami, icône copte