Fauteuil d'orchestre
Catégorie: Etats d'âme
Effroyablement, les choses me lassent toujours à une vitesse vertigineuse, je fais rapidement le tour de tout, y compris des gens, et finalement me défaire d'eux n'est jamais très difficile. A voir pleurer Cléopatra comme une perdue comme elle expliquait ceci je me suis dit que vraiment, quelque part, je devais avoir un coeur de pierre.
Il y a sans doute des milliers de façon d'avoir un coeur de pierre. Le mien c'est de ne détestait personne franchement, et de n'aimer personne pareillement. Ma mère me le faisant remqarquer au détour d'une conversation, j'ai réalisé il n'y a pas longtemps que les gens à qui je suis très attachée dans la vie sont ceux que je connais depuis ma naissance ou presque et qui me sont immédiatement proche, à savoir mes parents et Carotte. Abrupte à dire mais il n'y a personne d'autre. Comme si à la façon de ces petits canetons qui reconnaissent leur mère dans le premier être vivant qu'ils voient à leur venue au monde, comme si moi je m'étais liée aux êtres les plus proches de moi, et que par la suite, il n'y ait plus eu de place pour personne.
Je ne suis donc pas vraiment triste de voir Cléopatra s'en aller. Un peu de nostalgie surtout, et encore, très ponctuelle, et l'impatience de celui qui joue au loto en attendant de savoir si j'ai gagné le gros lot... ou pas. Au fond de moi je jubile de ce changement, de ce challenge, du vent de nouveauté, quelque chose de différent c'est de l'inconnu, et même si je suis une poule mouillée, je suis une poule mouillée très curieuse de nature. Cléopatra ne devient qu'une silhouette de passage dans ma vie, parmi des milliers, dont je peux me rappeler tous les noms ou presque, sans qu'il y en ait aucune que je ne regrette vraiment. Egoiste avec un coeur de pierre sans doute. Je ne sais pas trop. Froidement je me dis parfois que tous ces gens ne sont que des bruits de fond, je croise quelques mélodies, qui deviennent vite de petites musiques ténues, et des silences.
J'essore les gens sans vergogne. Je prends ce que je veux, ce dont j'ai besoin et qui m'intrigue, et une fois fait, je me moque de les voir disparaître, tracer leurs chemins, de savoir ce qu'ils deviennent. Ce qui m'importe c'est de rapidement trouver autre chose à me mettre sous la dent. Et de pouvoir avoir la paix dès que je le décide. Je prends, à défaut qu'on me donne, sans méchanceté, sans même le laisser pâraître, je prends sans dépouiller, je prends avec les yeux, je prends et je collectionne. Parfois j'ai de la bienveillance, parfois juste du mépris. Les gens passent, et je n'éprouve jamais le besoin de les retenir, ni de les garder près. Je les observe. Voilà pourquoi il n'y a personne autour de moi. Parce que les bruits de fond m'insuportent. Et que toutes les belles musiques finissent toujours par ne devenir que des mélodies lointaines.
Parce que mon opéra à moi ne se joue que dans le silence.