Royaume
Catégorie: Bright Side
Je me moque bien de ce que j’ai perdu. Rien n’est vraiment à moi. Je me moque même de cette peau, de ce temps, de ces méandres aux creux des sillons qui nous emmènent. Je me moque des yeux que l’on ferme, de ceux qui vous suivent, de ceux qui vous moquent. Je me moque. Et des ombres pointues et de la musique douce qui retentit quand on ouvre les boites. Je me moque des sonnets, des mots en chapelets que l’on fait rouler comme les vagues dans les verres de cristal. Je me moque des animaux colorés tournoyant aux après midi de printemps dans des volières vertes et de bois. Je me moque bien de ces paroles claires, de ces jeux anodins, de ce que l’on déploie et délie au fil des saisons, au fil des aiguilles comme pour tisser les parures des noces et des mensonges. Je me moque des danseurs et des serveurs aussi, de tous ceux à la fête, je me moque des fillettes en robes blanches qui courent entre les tables. Je me moque des rues qui s’étirent pour nous perdre et mieux nous retrouver et qui tirent parti des bétons armés pour mieux nous y noyer. Je me moque de ces jours qui fanent et de ceux qui s’en viennent, je me moque des oublis et des morceaux de pains qu’on jette à la volé sur les grandes places lointaines. Je me moque des mains qui se défont, des langues qui se dédient, je me moque de ces gens et de leurs belles chaussures. Je me moque des tourbillons de boues à la naissance des ancres. Je me moque bien de ces quais trop loin, de ces barques trop lourdes, de ces rêves trop fins. Je me moque. Puisque rien n’est à moi. Que le monde.
Stairway to heaven by Antibacterialdreams