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5 mai 2007

Vivre et laisser mourir

Catgéorie: Anecdote

Hier soir, Glouglou avait mis la musique à fond. Quand j'ai sorti le chien à onze heure, la baie vitrée était grande ouverte, les lumières toutes allumées, et la musique à fond. Personne dans le salon mais comme il y a une mezzanine impossible de dire qui était là, et s'il y avait une fête ou pas. A onze heure du soir un vendredi, j'ai ralouté parce que la musique à fond c'est pas cool, mais je trouvais ça encore plutôt normal. Je suis rentrée et je me suis maté un dvd.

A deux heures du matin quand j'ai éteint la télé, la musique tapait toujours. Là je trouvais ça pas du tout cool. Glouglou exagère hein. Et même si je ne suis pas très courageuse en général, je me suis dit que quand même, après tout, à deux heure du mat j'avais le droit de lui demander de la mettre en veilleuse, soirée ou pas soirée. Alors je me rhabille - parce que j'étais toute prête à dormir - avec un vieux jogging et un grand tee-shirt et je sors.

Premier truc bizarre: à deux heures du matin la baie vitrée est toujours toute grande ouverte, la musique bien sûr toujours à fond, et y'a toujours personne en vue. Je fronce les sourcils et sonne. Pas de réponse, aucun mouvement dans l'appart. Je sonne une deuxième fois, longtemps. Rien ne bouge. Céline Dion hurle qu'elle sera celle là tellement fort que je me dis que peut être on entend pas la sonnerie dans la mezzanine. Mais c'est la fin de la chanson et je profite des quelques secondes de silence pour sonner une nouvelle fois. Peine perdue. Alors j'hésite un instant sur la pas de la porte, et puis je rentre. Je rentre pas rassurée, avec l'impression de rentrer dans la quatrième dimension. Je me vois faire des gestes qu'on dirait sorti d'un film à suspens. Je m'approche lentement de la chaine hi-fi, et je baisse le son, m'attendant à ce que quelqu'un surgisse d'en haut pour voir ce qui se passe. Mais rien. Je lance alors la phrase adéquate: "y'a quelqu'un?". Aucune réponse. Je m'approche alors de l'escalier, il y a de la lumière en haut. Je lance de nouveau d'un ton plus ferme: "y'a quelqu'un?". Silence. J'hésite alors à ressortir, appeler les gendarmes. Glouglou est peut être partie en catastrophe en laissant tout ouvert, puisqu'il n'y a plus sa voiture, seulement celle de son amie garée devant. Sauf que bon, y'a peut être quelqu'un à l'étage, quelqu'un qui peut pas répondre parce qu'il lui est arrivé quelque chose. Alors je monte, précautioneusement. A l'étage le chien est couché sur le canapé de la pièce qui sert de bureau. Personne avec lui. Je passe alors le nez dans la chambre, et là, enroulé dans la couette sur le lit, une silhouette. Je n'ai pas le temps de me dire que cette personne est peut être morte, parce qu'elle ronfle légèrement. Elle dort. Profondément. Depuis le pas de la porte je lance un timide "madame?" parce que je sais déjà à la touffe de cheveux qui dépasse qu'il s'agit de l'amie de Glouglou. Pas de réponse. Je m'approche, et je la secoue doucement. Aucune réaction. Je la secoue plus fort, en l'appelant madame et en lui demandant de se réveiller. Mais elle dort très profondément. J'avise alors la table de nuit, histoire de vérifier qu'elle aurait pas fait de bêtise. Y'a bien une boîte de médicament. Je l'ouvre et vérifie combien il manque de cachets. Trop peu pour une tentative de quoi que ce soit. Je reviens sur mes pas et regarde dans le petit bureau. A côté de l'ordinateur allumé, un cendrier rempli de mégoit et une bouteille d'alcool fort à moitié vide. Ok. Je vois à quoi ça ressemble. Je retourne tenter de la réveiller. Mais elle est enfoncé profond dans ce que je n'arrive pas à déterminer comme être un sommeil de plomb ou un coma. Une seconde je me demande si je ne devrais pas appeler les pompiers. Sauf que, je ne l'ai pas vraiment secouée encore. Alors je la secoue vraiment, lui retire la couette, lui dit qu'il faut se réveiller, qu'elle doit ouvrir les yeux si elle m'entend. Pour un peu on dirait que je suis des secours. Elle gromelle. J'insiste de plus belle. Elle finit par ouvrir à moitié les yeux et par répondre "oui" à ma énième question "est-ce que vous m'entendez?"... Quelque part je suis rassurée. Elle n'est pas dans le coma. Je lui demande si elle sait quelle heure il est. Elle me répond que non, et pourquoi. "Ben il est 2 heures du matin, et vous avez laissé tout ouvert en bas avec la musique très très fort". Sans même se redresser, elle me dit qu'elle est désolée. Je lui demande si elle va bien, si elle veut que j'appelle quelqu'un. Elle répond que ça va, pas besoin d'appeler, ça va très bien. Dans sa voix je sens qu'elle se demande si je suis pas folle. Genre "mais bien sûr que je vais bien ça se voit pas non?". Et quand je lui dis que je la laisse, elle me dit de fermer la porte derrière moi. C'est tout. Elle ne s'est pas levée, rien. Je suis sortie en éteignant la radio, en soufflant la bougie restée allumée au passage, et en fermant la porte. J'ai laissé toutes les lumières allumées.

Je suis rentrée chez moi, totalement sous le choc de cette scène délirante, et très désagréable. J'ai tremblé par spasmes pendant 10 minutes sans pouvoir me contrôler. Parce que ça rapelle des mauvais souvenirs, parce que je ne comprends pas qu'on puisse faire si peu de cas de soi et des autres, du danger. Et puis je suis allée dormir. En me demandant comment un tel truc était possible.

Cet aprem quand je me suis levée, tous les rideaux de chez Glouglou était tirés. Ils le sont restés toute la journée. Et je me suis inquiétée toute la journée. Parce que la scène de cette nuit était vraiment étrange, et même si je ne pouvais pas dire que cette femme avait l'air mal, ça me laissait quand même une drôle d'impression. Alors toute la journée j'ai guetté un signe de vie. Mais rien. J'ai cherché la numéro de tel de Glouglou et j'ai appelé, pour voir si ça décrochait, mais rien. Il s'est mis à pleuvoir, le velux est resté ouvert. Alors ce soir il a fallu faire quelque chose. je me voyais déjà appelant les gendarmes et leur expliquant pour cette nuit, et comme je m'inquiétais maintenant. Sauf que je ne savais pas si ele n'était pas apparu ce matin, moi je dormais ce matin. Alors il fallait que je demande aux autres voisins. sauf que je me voyais pas aller sonner chez eux. J'ai donc monté un plan. Comme ils laissent leur chiots dehors, j'ai fait sortir Touille, qui est allée droit à leur portail, déclenchant toute sorte de japements. Le voisin est alors sorti pour calmer les chiots, et moi je suis apparue genre "oh je suis désolée la chippie s'est échappée". Et j'en ai profité pour lui demander s'il avait vu la voisine aujourd'hui. Je suis un as des petits plans. Il m'a dit qu'il ne l'avait pas vu de la journée, qu'elle avait l'air fatiguée hier, sans plus. Et je suis rentrée chez moi pas convaincue. Tout l'aprem jh'ai cogité, à savoir qu'elle dormait peut être, que j'allais pas la déranger, que je devais attendre le soir et que si vraiment rien ne bougeait, il faudrait que j'appelle les gendarmes, parce que si y'avait quelque chose qui clochait, après je m'en voudrais. En même temps je me disais que ça pouvait attendre demain, que si demain vraiment rien n'avait bougé, là je pourrais commencer à m'inquièter, parce que là c'était encore son droit de ne pas avoir envie de sortir et de rester enfermée chez elle. Difficile de faire un choix. Alors j'ai fini par aller sonner à la porte ce soir. Me disant que si personne ne répondait, faudrait se bouger, appeler les gendarmes. J'ai réfléchi, trouvé que le prétexte de "il me manque un oeuf pour faire un gâteau au chocolat" était un super prétexte et j'y suis allée. J'ai sonné. Aucune lumière dans l'appart, je me suis dit que c'était mort. Sauf que j'ai entendu des pas claquer dans l'escalier, et les rideaux se sont ouverts, et elle était là, souriante mais sans plus, à me dire bonsoir. J'ai déblatéré mon histoire d'oeufs, elle a cherché dans le frigo, n'en a pas trouvé, tant pis, bonne soirée et je suis rentrée chez moi. Soulagée. Elle ne se souvient sans doute même pas que je l'ai dérangée cette nuit.

C'est une histoire de dingue. Passer toute la journée à se faire du soucis pour quelqu'un que je ne connais pas, une emmerdeuse pour le coup, à me demander si oui ou non j'allais passer pour une idiote auprès des gendarmes si je les faisais venir pour rien ou non, à me dire que peut être elle dormait et si j'allais pas la faire chier en la réveillant... parce que oui j'aurais du aller sonner bien plus tôt sauf que je voulais pas la réveiller si jamais elle dormait. Trop conne. Pour le coup je me sens vraiment très conne.

Et il n'y a aucune morale à cette histoire, et aucune façon de finir ce post de façon logique. Je pourrais peut être rire de cette histoire si je n'étais pas totalement hallucinée qu'on puisse se comporter comme ça. Je connais des sans-gène, mais la c'est le pompon.

Le plus triste c'est que ça donne presque envie de laisser les gens crever sans même lever le petit doigt.

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