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3 juin 2008

Hallali

Catégorie: Dark Side

Je pourrais bouffer la terre, comme au bon vieux temps. Tellement ça me démange, tellement ça me dérange. J’en ai bouffé, j’en ai tué, j’en ai laminé, si j’avais pas la peau dure, je serai plus là, vieux, je serai plus là. J’ai eu des armées, j’ai eu des généraux, des manteaux de pourpre pour dîner à la table du diable. J’ai eu des pistes d’envol courbée comme les étoiles filantes et des étoiles tiens, j’en ai eu des pleines poignées, des ciels remplis, des ciels rien qu’à moi, et des chemins d’or et de sable pour y mener tout droit. J’ai descendu des cons, et des escaliers, et des enfers, j’en ai bouffé, soupé, craché, craché mes tripes, éventré depuis le fond jusqu’en haut, la tête sur le billot j’ai gueulé comme on gueule en naissant, comme on gueule mort de peur, comme on gueule pour sauver sa tête. Je me suis arraché toute la peau, toute la peau, à grand lambeaux, dans la crasse et le sang, à régurgiter ma bile, à rendre mon âme par devant, comme si elle sortait de moi avec les boyaux, par l’estomac, et même que ma cervelle aurait pu venir dans le tas. Je me suis arrachée, à ces cendres mortes de chair calcinée, à ses corps qui pourrissent au fond des cauchemars, avec les monstres blessés qui grondent et qui crèvent, qui attendent pour vous écorcher. Je me suis lacéré, entaillé les paumes, et les poignets, et les doigts, et les bras, à m’accrocher encore, pour ne pas mourir, pour ne pas glisser, pour ne pas qu’on m’avale, qu’on m’étreigne dans cette crémation purulente, dans ce néant hurlant. J’ai rampé, j’ai rampé l’ami, dans la merde, dans la boue, et j’ai vu mon corps se répandre en miasmes et suintements, se liquéfier, alors que j’avais des armées, alors que j’avais des généraux il n’y a pas si loin. J’ai vu mon corps partir en lambeau oui, sanglant, et mes croutes se défaire par plaques, pendant que je gueulais, comme on gueule quand on meurt, quand on ne veut pas mourir, quand on n’a pas le choix. Comme on gueule à la guerre, au milieu du hurlement strident des monstres qui agonisent, qui dévorent, au milieu des tranchées qui ravinent la vie. Comme on gueule quand on va bouffer la terre. Juste avant de crever.

die_screaming_by_keith_williams
                                                       Die Screaming by Keith Williams

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3 juin 2008

Le début de la fin

Catégorie: Etats d'âme

Mon estomac digère de moins en moins de choses. Ma peau crie sa misère et j'ai été obligée de me couper les ongles très très courts pour limiter les dégats. J'ai des migraines et je ne dors pas beaucoup parce que le soir tout ce que je veux c'est prolonger encore ce moment où je peux souffler. Du coup le matin je suis sytématiquement en retard. Mes élèves font la foire et se foutent de tout. Je jongle avec ce qui reste du programme pendant qu'on me demande au téléphone et que le courrier m'engloutit. Les parents me tombent dessus les uns après les autres. On me raccourcit les délais, on me redemande encore autre chose. On m'annule des rendez-vous, et je punis à tour de bras. Je souris, je souris, mes effectifs diminuent à vue d'oeil. Le bordel s'accumule dans mon appart, mon chien bouffe des os de poulet, coup de fil paniqué à maman qui téléphone au vétérinaire alors que mes élèves font toujours la foire. Je range mon bureau quatre fois par jour et ça ne suffit jamais, j'égare les trucs qui sont juste sous mes yeux. Je me fais engueuler au téléphone, on rentre, on sort, je coche des cases, je remplis des formulaires. Je corrige leurs copies, je gueule, j'attends sans patience, je fulmine, j'explique et on m'explique. Je prends des rendez-vous, je rature, on me sourit. J'attends le 12, mon compte se découvre, mais pas le temps. Je pense à l'année prochaine, je change leurs bureaux de place, je cherche partout l'attestation d'assurance de la mob. Je me débarrasse d'une chose, on m'en redonne trois à faire. On veut savoir quand, on veut savoir qui accompagne, on veut savoir quelle heure, si on peut changer le menu. J'ai attrapé des poux et des bestioles ont aussi envahi mon appart. Je casse la vaisselle à tour de bras, on me demande à la mairie, on me demande de faire passer, je parle mais comme je ne dis pas ce qu'on veut entendre, on n'écoute pas vraiment. On me force la main, je prends des notes sur des morceaux de papiers que je n'en finis plus de jeter. Le linge s'entasse, mes cds prennent la poussière. J'appelle, je rappelle, et je compte. Mon estomac digère de moins en moins de choses au fur à mesure que ça me dévore.

Comment vous dire...

Ma vie part en couille?

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