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9 mars 2013

La garde

Catégorie: Poésie

Rouvre les yeux
Car j'ai chassé la nuit,
Les démons
Je les ai asservis
Pour te faire une armée.
Des suivants.
Une garde.

De toutes les ombres qui glissent
Je t'ai fait un manteau,
Noir et profond,
Qu'il puisse balayer
La cendre et la poussière,
Glisser sur les marbres,
Sur les dalles de pierre
Des palais impossibles
Où tu cherches ton chemin.

Rouvre les yeux
Car j'ai fait taire le monde.
De tous les hurlements
Je t'ai fait des parures
Qui s'en viendront tinter
A tous tes mouvements.

De toutes les paintes
J'ai tissé des écharpes,
Longues, infinies,
A pendre à tes épaules
Et à laisser flotter pour trouver ton chemin.

Rouvre les yeux
Car j'ai chassé la peur.
Les démons
Je les ai entendus,
Leurs regards rouges tranchants
Dans le biais, m'observant,
Je les ai soutenus
Pour te faire une armée.
Des suivants.
Une garde.

Rouvre les yeux alors
Et vois.
Quelque soit ton chemin,
Ils seront avec toi.

sanjusangendo temple statues- kyoto japan                 
               Sanjusangendo Temple, Kyoto-Japan by Unknown

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8 mars 2013

Bricolette girl

Catégorie: MHome sweet home

Après de longs mois de pause - peut être même plus que ça, je crois que ça doit faire presqu'un an que je n'ai plus rien fait! - j'ai repris les travaux de la maison! Avec plus ou moins de succès...

Parce que poser du carrelage c'est pas aussi difficile qu'on le croit, surtout avec les produits d'aujourd'hui. Mais y'a quand même des pièges, et bien sûr je suis tombée dedans! A ma décharge, je peux arguer que ma maison est bancale, que rien n'y est jamais droit, qu'il faut toujours adapter, voire contourner toutes les aberrations typique des vieilles maisons qui se sont construites par ajouts succéssifs, pas toujours très heureux d'ailleurs. Donc j'adapte, mais des fois, je rate.

Et là, ben je suis passée à côté. J'étais tellement concentrée sur mon plan de travail que je sais ne pas être droit, que j'ai pas attaqué ma pose de carreaux par le bon côté - j'ai commencé par en bas - et maintenant je suis un peu coincée. Parce que du coup il me reste un petit bout de l'ancien carrelage qui dépasse en haut. C'est comme ça que j'ai réalisé que j'aurai du commencer par en haut, et effectuer une découpe au nivau du plan de travail.

20130306_185449

Mais bon. Le mal est fait. Y'a plus qu'à trouver une solution. La plus évidente c'est de me jouer la vie en mettant deux tonnes de colle pour rattraper le dénivelé et rajouter une hauteur de carreaux. Ce qui s'avère être une vraie partie de plaisir! Car le plus pénible dans le fait de poser du carrelage, c'est la colle! Dans les faits, c'est assez facile à manipuler, pas spécialement gluant ni rien. Mais comme il se doit, et comme souvent avec ce genre de chose - plâtre, ciment, colle en tout genre - on en met facilement un peu à côté quand on en manipule. Avec moi vous pouvez doubler la dose: j'en fous immanquablement partout. Et c'est là que la colle à carrelage est redoutable. Parce qu'elle n'a l'air de rien, et je me suis déjà faite avoir par son air de pas y toucher y'a deux ans quand j'avais carrelé autour du poële: la colle à carrelage, quand elle a séché, elle reste où elle est. Faut y'aller au marteau burin pour l'enlever. Vous savez, la petite crotte de colle tombée de la spatule que vous avez pas cru bon de ramasser sur le moment? Très mauvaise idée. Va falloir y'aller comme une bête pour la faire sauter quand elle aura séché.

Donc cette fois-ci, je passe autant de temps à prendre les mesures, découper, encoller, positionner le carreau... qu'à nettoyer! Nettoyer les autres carreaux sur lesquels ça dégouline, nettoyer le plan de travail sur lequel ça goutte, nettoyer l'évier, nettoyer mon pull... bref tout ce qui a croisé le passage de ladite colle. Du coup, c'est assez laborieux, et ça n'avance pas très vite.

La question a cent mille dollars est donc: avec tout ça, aurais-je fini avant la fin des vacances?

Pas si sûr...

3 mars 2013

Révélation

Catégorie: Bright Side

Du confin des mondes, sais-tu mon nom? As tu jamais entendu prononcer ce souffle, respirer cet espace, assez pour me reconnaître ici? Du confin des mondes, sais-tu vraiment? As-tu jamais senti jouer sous ta peau des lames de vent et leurs prairie ouvertes ailleurs, au point même de t'y confondre quand le bruit vient à cesser au soir et te dilue inexorablement comme les tâches d'encre s'étoilant sur le parchemin des corps absurdes? N'as-tu jamais vraiment douté quand l'eau s'aliène avec la nuit, douter qu'une fois elle puisse s'écarter de l'horizon pour remonter jusqu'au ciel en une pente incurvée et flagrante? Que tu puisses y glisser des espoirs perdus et des mots d'amour, les confier à cette ligne courbe qui les aurait bercé en mon creux jusqu'à ce que tu reviennes de ce voyage imminent? Des confins du monde, n'as tu jamais revu le visage de ceux qui t'avaient parlé de moi, qui t'avaient dit tant d'histoires du bout de leur bâton et de leurs yeux miroirs, n'as tu jamais cessé d'attendre ce retour, ce sourire? Du confin des mondes, sais-tu comment se plient les regrets quand on les arrose de pluie et de cendres, comment ils fuient et meurrent à la lumière des crêtes enneigées? As-tu jamais surpris cet appel, celui qui remonte du fond et que les surfaces n'atteignent jamais? Des confins du monde, as-tu jamais eu peur de ne pas me savoir, de ne pas m'atteindre ou me reconnaître? Car je te le dis, tu m'as déjà su, il y a longtemps. Avant même de t'en souvenir. Et mon souffle jadis a fait de ton attente ce parcours imprécis et lourd, destiné. C'est titubant que je te retrouverai, quand tu auras appelé tellement que tes os seront rompus et ta peau marquée de la folie des forcenés, à bout d'une voix qui n'est qu'à moi, que je viendrai alors te reprendre. Et te délivrant, je te demanderai, depuis les confins du monde:
Sais-tu mon nom?
Sais-tu ma puissance et ma grâce?
Assez pour me reconnaître?

Witness_Mathare
                                                  Witness by Unknown

3 mars 2013

La mort dans l'âme

Catégorie: Au Boulot!

Cette année scolaire est loin d'être une partie de plaisir. Pire. C'est la permière année où je déteste mon métier, où il devient un boulet, un cauchemar même, où il m'obsède et me dévore, où je me demande régulièrement comment je pourrais fuir, reprendre des études, pour faire autre chose.

Tout a commencé l'été dernier. Après quelques années passée dans notre école, Chevaline a obtenu un poste à la gran-ville. Au premier abord, bonne nouvelle: je ne m'entendais pas particilièrement bien avec elle. Sauf que la collègue qui a obtenu son poste et qui a débarqué pour prendre sa place était une débutante. Depuis des année que je suis dans cette école, c'est toujours comme ça: ce sont toujours des débutants, homologués "première année d'enseignement", qui débarquent. Et ça ne me dérange pas vraiment. Sauf que ce coup-ci, c'est un peu la fourdre qui m'est tombée dessus. Car entre-temps, le ministre avait pondu sa lubie: pas d'enseignant débutant sur des classes de CP, ce sont les profs expérimentés qui doivent s'y coller. Ca tombait mal. La classe laissée par Chevaline était une classe de GS-CP. J'étais - et je suis toujours- la plus ancienne dans l'école, la plus expérimentée aussi. Tous les yeux braqués sur moi. De son côté, Sid a très vite adopté la posture "je disparais dans les motifs du papier peint" histoire qu'on n'émette pas l'idée qu'il pourrait s'y coller. A peine quelques jours de flottement. Au final y'a pas vraiment eu de discussion. C'était stérile. Et voilà que sans avoir rien demandé, bien au contraire, on me retire ma classe chérie - celle pour laquelle je bûche depuis plusieurs années déjà, pour laquelle j'ai construit des outils, pour laquelle j'ai du savoir faire et dont j'attendais les nouvelles têtes avec impatience car connus pour être des élèves adorables, alors que je venais de faire 2 ans avec de vrais terreurs. Autant dire que j'ai eu l'impression d'une énorme injustice, d'autant plus qu'au final la situation est totalement ubuesque si on prend en compte le fait que je n'ai jamais eu de classe de CP, même pas lorsque j'étais en formation et que donc je n'y connais absolument rien. Je suis donc tout à fait débutante. Tout ça pour ça. Bombe amorcée.

Me revoilà donc revenu des années en arrière, à bosser 14h par jour, jamais couchée avant 1h du matin, tellement je veux bien faire, tellement cette classe m'angoisse, tellement il faut tout penser depuis le début, le moindre outil, la moindre activité, la moindre façon de faire. Des années en arrière, j'avais tenu le rythme. Cette année, j'ai implosé. Parce qu'épuisée par mes 2 dernières années trop difficiles, parce qu'aucun soutien ni de l'institution ni des collègues, parce que toujours les mêmes parents désagréables qui vous cherche des noises, toujours les mêmes cas désespérés et désepérants d'élèves paumés, de familles en difficultés, de situations révoltantes qui vous mettent la tête en ébulition, toujours les mêmes circulaires assomantes, les mêmes décisions politiciennes qui remettent votre travail en vrac, qui rajoutent, et qui dégoutent, toujours les mêmes imprévus qu'on colmate, qu'on écope, qu'on encaisse... Et plus aucune envie, aucune niaque pour faire face, plus de certitudes, ni celle de bien faire, d'être compétent, ni celle d'être utile, ni même celle d'être à la bonne place. Juste une rancune, lancinante, une blessure, une trahison. Béante. A vif.

Malgré ça j'ai voulu m'accrocher, ne rien lâcher. J'ai continuer à bosser, plus, plus dur. J'ai eu tord. C'est le corps qui a lâché pour moi. J'aurais jamais cru, et si j'avais eu la moindre idée de ce qui aller me tomber dessus, j'aurais levé le pied beaucoup, beaucoup plus tôt. Finalement, c'est contrainte et forcée que j'ai du m'arrêter. 

Plusieurs semaines d'arrêt de travail. Des cachets pour dormir. Des cachets pour ne pas pleurer. Des cachets pour ne pas trop réfléchir. Réaliser que je suis dans un tunnel depuis plus lontemps que je ne croyais, que je descendais tranquillement aux enfers sans vraiment m'en rendre compte. En souffrant beaucoup, profondement, et dans ma chair et dans mon esprit, silencieusement, incidieusement. Réaliser aussi que ce qu'on croyait être une vocation ne l'est plus, que ce que j'avais errigé comme ma raison de vivre n'était qu'un leurre. Que je m'étais trompée, et que j'allais devoir tout repenser, tout simplement pour pouvoir continuer, pour pouvoir revivre.

Me voilà donc aujourd'hui en reconstruction. J'ai repris ma classe depuis quelques semaines, et c'est plutôt encourageant. Je n'y suis pas complètement à l'aise, elle me cause encore beaucoup de soucis mais je relativise. J'ai même eu le "bonheur" d'être inspectée ces derniers jours. Encore un truc qui me pendait au nez depuis deux ans et qui a fini par me tomber dessus. Un truc qui s'est pas vraiment bien passé d'ailleurs -faudra que je dise un mot là dessus- mais au point où j'en suis rendu aujourd'hui ça n'a que peu d'importance à mes yeux. J'ai pris mes distances. Avec l'entièreté du métier. Je travaille moins, je place des limites. Je reste stoïque devant les éclats de la hiérarchie. Je suis un peu plus distante, et avec les collègues et avec les familles et avec les élèves. Moins concernée, moins engagée. Je me protège. Et ça marche. Je commence à voir le bout du tunnel, doucement. C'est fragile, c'est loin d'être gagné, mais c'est déjà bien.

Je me cherche d'autres intérêts. Je réalise que je ne sais pas quoi faire quand j'ai du temps libre. La première chose qui me vient à l'idée c'est toujours des corrections, des préparations, des choses pour l'école. Et quand je les écartes pour leur préférer le jardinage, le scrapbooking ou la lecture j'ai encore parfois le sentiment d'être la plus mauvaise des maîtresses, une fainéante, indigne... heureusement j'apprends à effacer ce sentiment affreux, à lui répondre que je ne peux pas vivre que pour ce travail, en esclavage. J'apprends à m'autoriser à nouveau des loisirs, des bonheurs simples, une vie normale quoi. Une vie changée pourtant.

Et je soigne lentement cette blessure de ne finalement pas être cette incroyable maîtresse, inspirée et habitée. Respectée.

Celle que je fus à mes débuts et qu'ils ont tuée.

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