Catégorie: Etats d'âme

Aujourd'hui, depuis presque 15 jours, je suis orpheline de père... Cette route vers la mort a été longue, et dure, pleine de doutes et de souffrances. C'est étrange de faire un deuil qui a en fait commencé il y a très longtemps. Je suis en deuil depuis très longtemps. Je l'avais déjà réalisé il y a quelques mois. Perdre quelqu'un petit à petit, est-ce pire que de le perdre d'un coup, violemment?

En réalité la violence c'est de perdre quelqu'un qu'on aime, peut importe combien de temps ça prend.

Je ne sais pas comment je me sens. Je suis déjà en deuil depuis trop longtemps. Du coup j'ai l'impression de ne pas être assez en deuil aujourd'hui que la mort est bien là. Ma tête est un champ retourné. Pas un champ de ruines, non, juste un champ qu'on a brassé. Violemment.

Une fois la tempête passée ne reste que les sillons, les herbes arrachées, retournées, les mottes de terre, l'horizon irrégulier. Et le calme aussi. Le silence et le calme.

Je suis partagée entre la sidération de voir comment tout ceci a été éventré, et la sérénité de savoir que tout va repousser.

Il y a des mystères dans nos existences que la sience et tous les savoirs ne peuvent appréhender. Que nos intelligences humaines ne peuvent saisir. J'ai décidé de juste me laisser porter. Comprendre c'est impossible. Mon esprit voudait comprendre, mais c'est impossible et épuisant.

Je sais que mon père est encore là, d'une autre manière. Je sais que je suis plus forte que tout ce que j'avais pu imaginer. Je sais que cette vie va se retourner et se remettre en place. Je sais que j'ai assisté à quelque chose d'infiniment grand. Que je ne comprends pas.

Et je sais qu'à force de rester debout et de respirer, ça reviendra. Que ça repoussera. Au delà de la peine. Grâce à elle. Car c'est plus fort, je le sens.

Je ne le comprends pas, mais je le sais.