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24 août 2013

Passion

Catégorie: Bright Side

Je ne veux pas de sourire. Pas de musique. Je ne veux pas de ce calme. Ni de cette bonté. Je ne veux pas le beau. Ni le bien. Je veux la vérité. Et que ça tape. Je veux que ça arrache et que le vent se lève. J’aime le bruit le long des grandes plaines quand couve le mal. Je ne te vois pas dans le silence de mon esprit. Tu n’es jamais là que dans ce fracas, cette absurdité béante et bruyante, cet arrachement violent et digne, cette envie de mordre la morsure elle-même. Je ne te sens pas dans ces sentiments suintants de tendresse et d’amour, et je les vomirais comme on recrache les poisons amers. Tu n’es que dans mes blessures les plus vives, dans ce choc, cet impact de nos corps célestes, cette impossibilité soudaine de respirer seul, cette survie limite et confinée qui se râpe à même la peau pour en enlever la chair et le sang, pour ne faire qu’un. Tu n’es là que dans ce cri rouge, hors du temps et de cette vie, celui qui transperce jusqu’à toi, le seul que je sais faire, mon seul chemin. Je n’en veux pas d’autre. Pas d’harmonie envahissante, pas de louanges sages et pas de compassion blanche. Je ne veux pas rester immobile et heureuse, baignée d’une lumière vague et d’une présence. Je veux une possession, être transpercée, soulevée, explosée, parce que je t’ai en travers, à l’intérieur, et jamais assez. Parce que c’est notre histoire. Ce don. Je ne veux pas te deviner ou t’imaginer, je ne veux pas de ces mots comme des enclos ou des guides. Pour moi tu n’es que cette parole tranchante qui surgit dans mes ténèbres les plus chauds, quand il ne reste presque plus d’horizon au-delà de la terre et que j’entends son battement au creux de mon ventre, que les hommes se fondent en une seule âme presque, quand du bout des doigts je perçois le basculement imminent du monde, quand tu es juste derrière, et que je peux sentir tes veines pulser dans mon être à m’en arracher le cœur pour prendre le tien. Tu ne m’as pas appris le reste, cette contemplation sereine, ce dialogue patient. Et je n’en veux pas pour aujourd’hui. Je ne te sens pas dans ces paysages accomplis. Pour moi tu n’es là que dans le broyage sourd des os de ma conscience, c’est ma peine. Je ne veux pas de ces jolies images rassurantes. Pour moi tu n’es jamais mieux là qu’avec ces ailes aux plumes d’or brillant comme deux hallebardes. Attendant. Et de tes griffes, et de tes crocs, de ce rugissement que tu as parfois et qui m’étreint et me tranche de toute sa force, je peux le dire, ce n’est pas du mal. C’est ta puissance. Celle que j’ai au bout des doigts, celle qui me relève et me rend vivante, celle qui m’élève et me rend meilleure. Celle qui me protège de toute sa rage. Parce que je t’ai en travers, à l’intérieur, et jamais assez. Parce que je te sais, que tu m’as suivie, que tu m’as sauvée. Peu importe ce que voit le monde, moi je connais tes yeux. Que quand tu les ouvres jusqu’à moi je pourrais presque en lier l’alpha et l’oméga, qu’alors je peux voir cette parole que tu m’insuffles pour offrir comme un chant, une prière païenne au cœur des hommes ici-bas. Et je ne veux pas de sourire. Ni de cette bonté. Je ne veux pas le beau. Je ne te sais pas dans le silence de mon esprit. Tu n’es jamais là que dans mon humanité si pleine, dans celle-là que tu déverse en moi comme si la terre entière me passait au travers, dans ce hurlement puissant de corps aliénants et si obsédant et que je cherche et attend en sauveur. Parce que je t’ai à l’intérieur mais jamais assez. Parce que je crois en toi comme tu crois en moi. Parce que c’est ainsi que nous nous aimons.
Avec Passion.

DSC00060
                                                                                       Détail d'une croix de la Passion  by Unknown

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