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10 juillet 2010

La piscinette de l'enfer

Catégorie: Home sweet home

Matériel nécessaire:

- une piscinette (3m de diamètre) made in china offerte par mes collègues pour la fin de l'année
- un bon vieux rotofil avec une rallonge de 20 mètres
- un rateau, une binette, des gants de bricolage, un grand bac poubelle
- deux tuyaux d'arrosage et rien pour les raccorder
- un balai, des ciseaux, du méga scotch et un gonfleur
- une bonne dose d'optimisme... ou de crétinisme, à voir

Procédure:

Etape 1: d'abord on commence par désherber le fond du jardin... euh c'est pas juste un carré avec des petites herbes folles hein, nan nan, c'est un mini champs avec des herbes hautes de la taille d'un hobbit (autrement dit plus grandes que moi presque) et des pissenlits géants gros comme des ballons de handball. Bon. On y passe une bonne heure rien que pour couper tout ce qui dépasse, sachant que le rotofil c'est bien, mais pour couper des baobabs en devenir, mieux vaut un sécateur de combat, et des biceps. Enfin bref, après une heure au coupe-coupe dans cette jungle, l'horizon est dégagé. Reste plus qu'à ratisser le massacre. Comptez encore une grosse demi-heure pour ce faire.

Etape 2: après avoir tout ratisser et tasser tout ça bien comme il faut dans le bac poubelle (ou comment faire rentrer l'équivalent de la fôret de Brocéliande dans un seau) on peut attaquer la récolte des morceaux de tuiles, des pierres, des bouts de parpaings, des cailloux, et autres gravas cradingues qui pourraient percer le liner du fond de la piscinette (non je ne vis pas dans une décharge, mais à cette place là avant il y avait une grange que le précédant propriétaire à fait raser et il en reste quelques gravas). C'est un peu comme la pêche aux moules, mais sans la mer et sans les moules. Ah si, j'avais les mouettes juste au dessus qui couinaient comme des folles à cause de l'orage qui montait. Une fois tous les morceaux dégagés, on attrape la binette et on se déterre toutes les souches des baobabs précédemment éradiquer qui dépassent encore de terre, et ça peut paraître anecdotique hein, mais allez biner dans des gravas et on en reparle... au bout d'une bonne heure et quelques ampoules, vous avez un terrain à peu près propre.

Etape 3: il faut maintenant installer le tapis de sol qui acueillera la piscinette... bon en fait j'ai pas les moyens d'acheter le super tapis de sol imprutrécible et tout, donc j'ai recyclé le lino arraché quelques semaines plus tôt dans la cuisine. Avec une belle bâche par dessus, ça devrait faire l'affaire. Sauf que le lino n'est pas à la bonne taille. La bâche non plus. Bienvenue à notre nouveau jeu: je fais un puzzle géant en lino avec mes ciseaux et mon scotch. Une fois le lino aux bonnes dimensions, deuxième partie du jeu: je piétine dessus pour voir si y'a pas de cailloux traîtres tapis dans l'ombre des herbes n'attendant que le bon moment pour surgir entre mes orteils et pourfendre le liner de ma piscinette... Bon en fait y'a pas un caillou, y'en a toute une armée. Je me contorsionne pour aller les récupérer sous le lino et la bâche, je rampe, je tire la langue, je m'escrime dans tous les sens, je finis par retirer tous les cailloux, attends non, y'en a encore un là, merde, attends, si, je l'ai, non, merde... c'est le coin d'un parpaing qui dépasse. Bon ben tant pis il restera là hein. Je fais comme si je l'avais pas vu. Après une heure de gesticulations en tout sens j'en ai marre. Etape suivante. Vite.

Etape 4: défaire la piscinette, l'étirer, la disposer, la centrer sur la bâche, re-l'étirer, re-la-centrer, re-l'étirer, re-la-centrer, re-l'étirer-re-la-centrer-re-l'étirer-re-la-centrer... arg. Ok. Maintenant on fait comme sur la notice écrite en chinois, on gonfle le boudin supérieur. Ouais c'est de la haute technologie. J'appuie comme une vache sur le gonfleur, j'ai l'impression de jouer dans un orchestre bizarre. Le boudin se gonfle. Super. Je pompe, je pompe. Le gonfleur siffle de plus en plus. M'en fous. Je continue vaillement, je veux surtout pas que le voisin d'en face se dise que je suis molle des cuisses. Le gonfleur hurle. Le bondin se gonfle... ah ben non en fait le boudin se dégonfle. C'est quoi ce merdier??? Arrêt d'urgence. Examen minutieux et verdict: le gonfleur est mort, il souffle l'air par tous les trous et pendant ce temps là le boudin se dégonfle gentiment. C'est la version consumériste du tonneau des Danaïdes. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot: je dégaine mon super scotch, j'enrubanne le gonfleur façon blessé de la grande guerre et c'est reparti: je pompe, le boudin se gonfle. Le boudin se gonfle. Le boudin se gonfle. Le gonfleur expire pour de bon dans un sifflement atroce à deux gonflements de la fin. Je me termine le truc à la force de mon petit souffle de mes petits poumons... très bon exercice pour un asthmatique hein. Enfin. Le truc gonflant est finalement gonflé après une bonne heure de gesticulation. Moi je suis échevelée, on dirait une hystérique.

Etape 5: la mise en eau. Miracle. Enfin presque. Parce que je n'ai pas de tuyau d'arrosage assez long pour aller jusqu'à la piscinette. A la place j'ai un vrai tuyau d'arrosage trop court, et un bout de tuyau qui servait à la pompe de mon puits. Je raccorde les deux sans trop de mal parce qu'ils s'emboîtent. Ce détail me fait dire que je ne suis pas tout à fait oublier des dieux dans cette entreprise. Mais impossible de brancher le tuyau sur le robinet du jardin, parce que robinet pas standard (rien n'est strand hein dans cette maison, c'est bicoque-land). Bon ok. Où est mon super scotch??? Deux secondes, trois tours bien serrés, et voilà, le problème est réglé. Attention, j'ouvre le robinet, je guette un quelconque geyser quelque part... mais non, il n'y a qu'un paradisiaque gargouillis dans le fond du jardin. Génial. J'y suis presque.

Etape 6: tandis que la piscinette commence à se remplir gentiment, il faut encore lisser le liner. L'espace d'un instant je me crois dans interville: debout au milieu d'une piscinette à moitié remplie d'eau froide, je fais des grands écarts en tentant de tirer sur un liner hypra glissant... le chien joue vaguement les vachettes. Je me pête pas le coccyx mais c'était bien essayé. Au bout d'un bon quart d'heure, liner en place, 10cm d'eau déjà, et ça ressemble presque au bonheur. Je suis fière de moi. Y'a plus qu'à attendre patiemment maintenant. Je célèbre ça en téléphonant pour annoncer mon exploit et je jubile intérieurement...

Etape 7: je fais nonchalement le tour de la piscinette qui se remplit doucement pendant que je téléphone, c'est trop bien, finalement, si si, ça se remplit, j'ai hâte que ça soit fini et... et j'avise une flaque d'eau sur le flanc... une flaque d'eau!!!! Une fuite!!!! MEEEEEEEEERDE!!!! UNE FUIIIIIITE!!! UNE FUIIIITE!!!!! AAAAAAAAHHHHHINNNNNNNNNIIIIIIIIIII!!!!!!!

Etape 8: après avoir coupé l'eau et relevé le coin de la piscinette à l'aide d'une chaise pour identifier l'origine du problème, après avoir réalisé qu'il y a un petit, un minuscule trou, pas plus gros qu'une tête d'épingle dans le liner de la piscinette, après avoir tenté de le colmater à la colle, avec du scotch et des jurons, se rendre à l'évidence: c'est mort. Tout laisser en plan. Je suis à moitié trempée, totalement ébouriffée, et je me demande à quoi vont servir l'épuisette, la tonne de chlore, la bouée et les frites achetées la veille en prévision des réjouissances... 

Je crois que je vais me prostrer au fond de mon canapé avec.

J'aurai qu'à regarder Thalassa. 

IMG_1446

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Commentaires
E
Oh la la... La cata... et si tu rachetais une petite piscine, maintenant que tout est prêt?
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