Catégorie: Home sweet home
Pam c'est la gracieuse avec la tête sur les épaules. Pim c'est l'allumée, agitée du bocal et agité tout court. Poum c'est la roudouillarde naïve et enfantine.
Trois fées pas comme les autres qui sont en train de révolutionner ma vie.
Faut dire que ces derniers mois c'est plutôt le grand marasme. Je traine ma vie comme de vieux chiffons sans fin dont on ne sait que faire mais dont on ne peut pas se débarrasser. C'est moche, c'est sale, ça ressemble à rien, ça ne donne envie de rien, on ne peut pas en faire grand chose, parce qu'il faudrait tout changer. Mais je n'avais ni la force ni les moyens pour tout changer.
Sauf que, pour mon anniversaire, trois drôles de fées ont été conviée par une bonne âme - merci minmin - à se pencher sur mon berceau et donc sur la question. Et comme elles sont du genre à prendre les choses au sérieux et visiblement à ne pas les faire à moitié, elles y ont mis le paquet. Résultat: ça dépote.
Alors pour faire court, voilà un résumé de la situation: je suis financièrement en train de m'enfoncer dans une merde de plus en plus noire, serrant la ceinture cran après cran et déprimant d'autant à chaque fois. Privée de plus en plus de chose et surtout de ma liberté, j'ai vu s'envoler mes envie de devenir propriétaire - au moins pour un bon moment - alors même que je ne peux plus piffer l'appart dans lequel je vis. J'ai donc des envies de déménagement mais qui devaient attendre que j'ai mon permis car pour aller visiter des apparts à droite et à gauche, encore me fallait-il un moyen de me déplacer sur plus de 5km - ouais j'ai une vieille mob hein faut pas trop lui en demander. J'étais donc coincée ici pour encore quelques mois, avec la déprime pour compagnie. Surtout que chez moi sérieux je me fais chier. Je n'ai pas d'amis, pas de fréquentation. Le seul truc que je fais de bien dans ma vie, c'est mon job.
Et donc voilà que lundi, une idée brillante m'a percutée de plein fouet, alors que j'étais encore à l'école, et que je m'apprêtais à rentrer. En sortant pour aller chercher ma mob, plutôt que d'aller vers le chai où je la gare, je me suis dirigé vers le logement de fonction, en pilote automatique, tranquillement. Ce n'est qu'arrivée devant la porte close que je me suis sentie bête: "mais qu'est-ce tu fous, t'habites pas là!" me suis-je exclamée dans ma tête. Et là, grosse déception. Parce que franchement, je regrettais de ne pas habiter là. Et d'un coup je me suis dit. Mais pourquoi pas?
C'était parti. Je suis rentrée chez moi en pensant à ça, en me redisant ça: mais pourquoi pas? Surtout ne pas s'emballer. Certes le logement est libre mais bon, y'a plein de condition, faut voir ça avec la mairie tout ça. Et puis est-ce que je veux vraiment habiter à l'école, sur place?
J'en n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Au matin ça me paraissait toujours aussi évident, et mon appartement d'un seul coup insupportable. Comme si chez moi c'était ailleurs. Quelque chose m'appelle là bas. Sauf que. Faut voir. Je décidce qu'il faudra que je demande à monsieur le maire dès que possible. Coup de chance, le soir même ce dernier m'appelle pour me parler d'un soucis avec une maman. Je règle la question, et puis une fois le problème terminé, je pose la mienne, de question: et le logement de fonction, ils ont prévu de le relouer?
D'abord c'est niet. Pas question de le louer. Et puis je dis que bon, tant pis, ça aurait été pour moi... Et là monsieur le maire ce met à rigoler: si c'est pour moi c'est différent qu'il dit. Yes! Les petites fées font leur taf comme des pros. Et encore mieux même. Parce que comme me l'explique le maire, ce logement n'est pas aux normes patati patata - c'est clair qu'il est vétuste mais moi j'adore - et donc il n'est pas louable en l'état. Comme je suis la directrice, il ne voit pas d'inconvénient à ce que je m'y installe... et il ne me fera pas payer de loyer.
J'en croyais pas mes oreilles. D'ailleurs je n'en crois toujours pas mes oreilles. Moi j'étais prête à payer un petit loyer certes, au vu de l'état des lieux, mais quand même. Mais apparement monsieur le maire ne veut rien savoir. Pour plein de raisons, ça l'arrangerait pas mal que je sois sur place - et moi donc! - et donc il ne voit pas l'intérêt de me faire payer, surtout que sinon le logement reste vide alors... Au final, tout ceci à l'air d'arranger tout le monde. Et je respire de nouveau.
Monsieur le maire et moi, nous avons rendez-vous demain soir pour en rediscuter, mettre les choses bien au clair. Et si tout se passe bien, je devrais déménager très vite: sur les vacances de février soit... dans presque quinze jours! D'un seul coup j'ai l'impression de sortir la tête de l'eau, de respirer à plein poumons, et c'est de l'air frais, c'est de l'air pur. Je revis. Je me sens de nouveau prête à conquérir le monde. J'ai de nouveau envie de plein de chose. J'ai l'impression de me retrouver, d'avoir trouvé quelque chose qui me colle, davancer. C'est du ciel bleu, ça fait du bien.
Bon, je reste encore lucide sur le fait que là rien n'est concret. Il faut attendre demain, et peut être que je ne pourrais pas emménager si vite, peut être qu'il y aura un soucis vis à vis de la mairie, du conseil muncipal ou je ne sais quoi. Tant qu'on ne m'a pas dit ok, je garde quand même l'idée que ça peut tomber à l'eau. Mais rien que pour la bouffée d'oxygène, ça aura vallu la peine.
Ce qui est très drôle, c'est qu'en un rien de temps, tout me tombe dessus. Et que j'ai appris tout ça hier, jour de mon anniversaire... Comme quoi les fées ont un supet timing, chapeau. Pim, Pam, Poum, c'est dans la boite. Ou presque. En tout cas j'y crois.
En tout cas ça fait du bien.