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26 février 2007

Pairs

Catégorie: Bright Side

J'avais des semelles d'or faites pour marcher mille ans, faites pour fouler le ciel de toutes les routes blanches, celles dans le soleil, qui grimpent vers la mer, celles gorgées du vent léger des étés doux. J'avais des semelles d'or faites pour courir sans peine, faite pour courir vite, pour aller vers le temps, pour aimer, celles pour être rendu sans même s'en souvenir, rien qu'en fermant les yeux, des semelles d'or faites pour être vivant. J'avais des semelles d'or juste faites pour mes pieds, juste faites pour ma taille, faites pour que nul autre jamais ne puisse les revêtir. J'avais des semelles d'or sans lacets, qui tenaient à mon corps rien que par la pensée, comme une peau divine, faites pour me porter, pour que j'aille loin sans jamais me forcer. J'avais des semelles d'or faites pour marcher mille ans, mille ans sans me blesser, ni même m'épuiser, mille ans, pour me mener partout où je voudrais. J'avais des semelles d'or.
J'ai préféré aller pieds nus et en sueur, sur des routes pluvieuses dans de tristes décors, me fendre les talons et m'abîmer les chairs. J'ai préféré aller, laborieusement, pesant de tout le poids de ma triste fatigue sur des pas bien trop courts, couteux et difficiles, douloureux, ridicules, aller en espérant arriver quelques jours, arriver quelque part. J'ai préféré aller sans plus aucun confort, toujours dans l'effort, et en compter le temps et en lorgner la mort. J'ai préféré aller, et n'être pas vivant, mais seulement passer le long de ces chemins tortueux et glissants. Aller en suffoquant dans des déserts creux, harassé par la charge d'un corps qui se plie, qui peine face aux vents, va sombrant chaque nuit. Et parfois dans mes rêves je revois, les semelles d'or que j'avais autrefois.
J'avais des semelles d'or faites pour marcher mille ans. Mais aucun homme jamais n'a pu marcher mille ans. Aucun homme jamais n'a pu.
Sans compagnon.

Old_friends
                                   Old Friends by Unknown

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26 février 2007

Silence ça tourne!

Catégorie: Petits Bonheurs

Quand on vit à la campagne on doit faire preuve d'une capacité d'adaptation et comme je suis dans ma période "internet peut tout" je me suis donc offert un abonnement de location de dvd, par internet bien sûr. Parce que bon, la borne la plus proche est à 15 minutes en mobylette, que le choix y est très réduit, qu'il faut ramener le truc super vite et que les tarifs sont hors de prix. Bref, même pas la peine.

J'ai donc craqué et j'ai pris cet abonnement... le bonheur. Les dvd arrivent chez moi d'un simple clic, j'ai le temps que je veux pour les regarder, dans l'ordre que je veux, et pour avoir les suivants je dois juste les renvoyer en utilisant l'enveloppe T et en les glissant dans une boite aux lettres. Enfantin! Je peux ainsi faire tourner les films, et voir des choses que je n'aurais jamais eu l'occasion de voir autrement, genre des séries Z improbables ou des documentaires, ou encore des films récents bien sûr que je n'ai pas vu au ciné pour cause de... pas de ciné valable à portée de mobylette. Oui je sais c'est une bonne excuse.

Faut dire que moi qui était une fréuqenteuse assidue de salles obscures quand j'étais à Bordeaux - pas difficile hein quand on a un ciné hight tech à 5 minutes à pied de chez soi et des après-midi entièrs avec rien à glander - et bien je dois dire que ça commençait à me manquer. Mais c'est réparé! Chouette!

A moi les soirées dvd!

24 février 2007

Black is beautiful

Catégorie: Etats d'âme

Non je ne suis pas triste. Non je ne suis pas dépressive, non non, je vous rassure tout va très bien. Pour une raison que je ne saisis pas forcément bien, les gens autour de moi en ce moment m'imaginent triste, me trouve des idées noires. Aïe. Moi je ne me sens pas plus triste que la normale, pas plus acide ni ironique que ça. Je me sens même bien.

Sauf qu'effectivement, en ce moment j'ai une tendance noire, quelque chose qui parait sombre à ceux qui le voient de l'extérieur, et ça m'aggace oui, parce qu'ils en tirent des conclusions erronées, parce qu'ils ne voient pas l'intérieur, ils ne voient pas ce noir là avec mes yeux, avec mon ressenti. Ils ne comprennent pas que le noir peut être beau, apaisant, évident, et absolument serein. Rien à voir avec le triste, le glauque, le désespoir ou je ne sais quoi. Vous n'y êtes pas.

Effectivement je ne suis plus aussi rose bonbon qu'avant, c'est bien normal hein, vu que je ne suis plus isolée du monde dans ma petite bulle. Et je n'en suis pas mécontente finalement. L'impression d'avoir grandi, d'avoir appris à me défendre aussi. L'impression de changer, de ne plus être totalement la petite fille naïve, mais plutôt d'être devenue une adulte de convictions, avec des rêves toujours, avec des envies, des challenges, qui ne se fait plus d'illusion, mais qui s'efforce peu à peu de les remplacer par des croyances, des utopies parfois, avec tout ce que ça coûte de raison et tout ce que ça implique aussi d'irrationalité. Faire la part des choses. Savoir ce qu'il faut lâcher, renoncer parfois, et attacher le reste encore plus fort. Ce sur quoi on ne veut pas transiger. Et dans tout ça le rose et le bleu layette en prennent un coup. Et on me trouve plus noire.

N'empêche que le rose bonbon ou le bleu azur ne sont pas les seules couleurs du bonheur. Le noir aussi a ses qualités. Mon noir à moi a des reflets laqués, il demeure aussi brillant qu'une journée de soleil, aussi tiède qu'un feu à peine éteind. Il est constant, silencieux, se fait miroir de temps en temps comme le coffre d'un immense piano, il est rond, il est plein. Mon noir à moi est enroulé comme les cils des enfants de là-bas, il est irisé comme le corps musculeux des étalons galopant sous la pluie. Noir comme avant que le film commence, avant que tout en s'allume, celui qui attend, le souffle coupé, avec l'envie au corps. Mon noir à moi a un goût corcé de chocolat, qui craque, un goût juteux de raisin, de mûre, en plein milieu de la chaleur, un goût chaud, un goût frais. Mon noir à moi s'il est bien sombre n'a rien de triste ni de pesant. Mon noir est beau.

Parfois les choses que l'ont croient triste ne le sont pas. Et ce n'est pas parce que je suis moins légère qu'avant que je suis forcément triste. Je suis juste plus consistante. Je m'étoffe, je m'ouvre comme on se relève, je prends mes marques et je m'enracine, dans ce noir qui vous questionne tant. Et je suis tranquille.

Parce que dans ce noir résident toutes les couleurs de la vie.

24 février 2007

Madame est servie!

Catégorie: Petits Bonheurs

Cette semaine j'ai fait les courses. Ouais comme à peu près tout le monde faut dire, jusque là rien d'exceptionnel. Sauf que moi je n'ai pas bougé de chez moi. Et oui! J'ai fait mes courses sur internet!

Depuis le temps que j'avais envie d'essayer, il ne me restait plus qu'à trouver un cybermarché qui livre dans mon patelin perdu. Ben croyez le ou pas - ou plutôt si croyez le parce que ça existe - j'ai trouvé!

J'ai donc tenté l'aventure dès mercredi soir, en prenant d'abord mon temps pour commander en ligne. D'abord parce que les frais de port sont à la hauteur hein, autant vous dire que vous avez intérêt à ne rien oublier! Et surtout, vu ma fainéantise et mes problèmes de finance, j'ai opté pour une solution radicale: les courses pour le mois. Comme ça je ne dépense qu'une fois et donc je gère mieux, et puis je ne me prends la tête qu'une fois, c'est aussi ça de gagner. En tenant compte de la livraison à domicile en plus, la formule est parfaite pour moi - parce que les courses en vélo c'est bon j'ai donné!

Une fois mon petit panier virtuel rempli, je suis passée à la caisse, et là tout de suite c'est beaucoup moins virtuel. Mais bon - en me répétant que ce sont les courses d'un mois quand même - ça aide à relativiser et hop! Allons jusqu'au bout! Il fallait encore attendre 48h pour être livré et voir si vraiment le service et les produits vallaient la peine...

Et donc hier, à l'horaire prévu, j'ai eu le bonheur - parce que oui c'était un vrai bonheur! - de voir un livreur très gentil se pointer, et me débarquer illico presto 10 colis dans mon salon... En un éclair et sans aucun effort mes courses étaient là!

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Ensuite il a fallu déballer. C'était le moment critique de voir d'un, si tout était bien là, sans erreur, et de deux, la qualité des produits, surtout des produits frais. Et ben là aussi croyez moi, aucun problème! Présentation en vrac bien sûr, sauf pour le frais qui est mis à part - et le livreur à la gentillesse de vous le préciser en plus - avec une liste de livraison pour pointer le tout. Ce que j'ai fait sans attendre, avec un amusement de gamine. Je trouve ça génial! Franchement vous allez pas me dire hein, les courses c'est toujours une corvée, en plus d'être pour moi une fuite d'argent à laquelle je n'ai jamais su résister. Ben finalement j'y ai trouvé ma solution, et quelle solution!

C'est pas beau le progrès hein? Oh si!

24 février 2007

Voyage au pays des vivants

Catégorie: Shoot Shoot Don't Talk!

Comme des Christs en croix au milieu d'un cimetière vivant, les fleurs jaunes et blanches à leurs pieds.
Le vent froid qui vient de l'océan et cette nature sage qui attend le soleil.
Les hommes ici sont patients ami, et se contentent de peu.
Puisque la vie est partout.

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22 février 2007

Mais pourquoi est-il aussi méchant?...

Catégorie: Anecdotes

Carotte assis sur le siège avant passager, Maman au volant, et moi derrière avec Touille sur les genoux. Je fais des papouilles à Touille en l'appelant ma crevette. Et Carotte toujours atterré par la manière totalement gaga dont je parle à mon chien me rétorque depuis l'avant:

- Tu sais ce qu'on leur fait aux crevettes?

Alors avec ma candide naïveté (oui oui il faut bien ça parce que franchement je le sais qu'il me sort toujours des horreurs mais si j'adore l'humoir noir je suis incapable d'en faire et donc incapable de le prévoir... ce qui le rend encore plus drôle en fait) je répond donc à Carotte.

- Non quoi?

- On leur arrache la tête.

...

J'ai feint l'air offusqué en le traitant de méchant et en papouillant Touille de plus belle.

J'adore quand il est méchant.

19 février 2007

Essorée

Catégorie: Au Boulot!

Vendredi on a fêté le carnaval de l'école. Et comme Cléopatra avait travaillé sur un projet sur la nutrition durant cette période j'ai pas eu le choix du thème, il était tout trouvé! Ouais, c'est pas super classe ni super fun de se retrouver déguisés en maïs ou en boisson ou encore eu huitre mais les siens sont trop petits pour se plaindre. Mes grands à moi j'avais décidé de faire simple parce que pas que ça à faire hein, donc ils étaient déguisés en grandes bouches armées de couteaux et fourchettes géants prêt à manger tout ce petit monde, et ça leur plaisait plutôt pas mal. On avait fabriqué des maracas et distribué confettis et sifflets, histoire de défiler comme il se doit, et les parents s'étaient déplacés pour assister au défilé et pour donner un coup de main, notamment pour encadrer et faire la sécurité sur la parcours - entre deux champs à vache et un chemin de terre parce qu'on sait jamais - mais surtout des papas s'étaient donné rendez-vous un peu plus tpot dans l'après-midi pour planter Monsieur Cranaval sur la place de la mairie. Notre Monsieur Cranaval, celui que mes élèves avaient fabriqué tout seuls à l'aide de vieilles guenilles et de rembourage de paille... et d'ailleurs si un jour vous avez l'idée de rentrer une botte de foin dans votre salle de classe et d'en couper le cerclage en disant "aller au boulot!" et bien réfléchissez-y à deux fois parce qu'en moins de trente secondes votre classe se retrouve transformée en écurie! Ceci dit c'était très marrant, ça sentait bon le foin, les élèves étaient ravis et j'étais porte de rire... la grognasse qui fait le ménage un peu moins mais j'ai insisté pour l'aider et elle a pas voulu. Va te faire...

Enfin bref, toute notre petite école a défilé dans les petites rues du village à grand renfort de barouffe, des mamies sont sorties pour nous applaudir, on a été jeter des confettis jusque dans la mairie, et puis on s'est installé pour assister à la fin de Monsieur Cranaval, qui malgré nos craintes a brûlé en 3 minutes... je ne jouerai plus jamais avec les allumettes. Et on est reparti à l'école pour engloutir un délicieux goûter de jus d'orange et de merveilles faites maison par notre cantinière, tout ça dans les rires, les confettis, le brouhaha. C'était vachement sympa.

N'empêche c'est la première fois que je fête carnaval, la première fois aussi que je me déguise. je ne suis pas vraiment fan de ce genre de trucs. Mais j'avais fait un effort, pour mes élèves, et la veille au lieu de terminer la rédaction de mes évaluations, je m'étais fabriqué un costume... de salade. Thème oblige. Cléopatra était parfaitement déguisée en cuisto, grâce à l'aide de son cher et tendre qui lui avait récupéré une tenue exprès, elle était donc parfaite. Et moi... ben moi je portais ça:

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Bon je reconnais c'est conceptuel comme déguisement mais les gamins ont adoré et j'ai été bombardée de confettis tout du long! C'était vraiment sympa, même si c'était super speed, vu que j'avais pas eu le temps de donner les devoirs avant parce que je prenais les élèves un par un dans mon bureau pour faire le point sur leurs carnbets d'évaluation, ben j'ai du faire ça à l'arrache, avec un bout de merveille dans la bouche et encore déguisée dans une classe totalement en chantier à cause de la fabrication express de maracas et de costumes... Speed, un peu en vrac, crevant, archi crevant pour clôturer une période très crevante aussi mais très convivial et vachement sympa. Faut bien avouer.

Sauf que bon hein, j'ai déjà prévenu que l'année prochaine c'est moi qui choisit le thème!

18 février 2007

Mouton solitaire sort les crocs

Catégorie: Etats d'âme

Je vais vous dire... oui j'ai pas d'amis, oui je passe ma vie sur mon pc, oui je passe mes week-ends au fond du lit, oui je reste collée à ma télé en permanence, oui je pars pas en vacances, oui je vais bosser à l'école pendant les dites vacances, oui j'ai fêté le premier de l'an toute seule chez moi, oui je veux acheter une maison toute seule, oui je suis total gaga de mon chien, oui j'ai jamais eu de copain, oui j'ai horreur du téléphone et je décroche pas quand si je suis là, oui je suis bien paumée dans la campagne au milieu des bouseux, oui il va me falloir quinze ans pour passer mon code, oui je suis bordélique, oui je sors jamais et je vais jamais nul part, oui oui oui, et j'adore ça!

Faîtes pas chier en venant me dire que c'est pas la vie ça, qu'il faut sortir, qu'il faut voir du monde... "tu vas pas rester sur ton pc tout l'aprem hein..." Si. Et toute la nuit si je veux. Parce que la vraie vie je la trouve chiantissime, chiantissime et en plus faut faire tous plein d'efforts et de faux-semblants pour un truc merdique à l'arrivé, sans déconner. Si les gens étaient un peu plus lucides sur leurs relations avec les autres, ils verraient qu'il n'est question de jeu de rôle, de vague connaissance, de se cotoyer pour le principe et moi ça me gonfle. Qui a décrété que pour avoir une vie fallait forcément être entouré d'un tas d'autres hein? Qui a décrété que c'était ça LA vie? "Vivre les choses en vraies c'est tellement mieux, et puis faut faire des expériences!"... ah oui et qui a ordonné ça? "Tu passes à côté de beaucoup de choses!"... Ouais ben je passe à côté de ce que je veux, ça s'appelle choisir. Moi je suis toute seule, je squatte mon appart et je suis bien. J'ai pas d'amis, j'ai pas de copain, mon job m'occupe et je suis dans mon petit monde, c'est MA vie, et je vous emmerde. Est-ce que je fais chier personne moi à vous coller le doute en vous demandant "t'es sûr que tu passes pas à côté de plein de trucs là"... Parce que oui, à se noyer dans la fureur et dans le bruit, les villes grouillantes, les activités débordantes, et les gens, les gens, les gens, forcément, vous ratez aussi plein de trucs, des trucs que moi j'ai chopé, en étant seule dans le silence, en étant loin, en ayant le temps, en choisissant cette vie.

Alors ouais faîtes pas chier. Et arrêtez de me regarde comme si j'avais un truc honteux, un truc dont j'allais mourir bientôt dans une agonie profonde, un truc qui se dit pas, comme si j'étais au bord de la folie ou du suicide, ou incapable de remédier à mon problème... "pauvre fille". Putain mais c'est moi tout ça, tout ce qui vous retourne, vous effraie, vous interroge, c'est moi. Je suis comme ça. Chercher pas à comprendre. Et surtout pas à me plaindre. Votre vie je n'en veux pas, et la mienne vous n'en voulez pas. Soit. Et bien...

Chacun chez soi, et les cons seront bien parqués.

16 février 2007

Négation

Catégorie: Dark Side

Il suffirait que je me retourne pour que la terre change, pour que la terre s'ouvre, et que devant moi soudain se dessine une route jusqu'à l'horizon, une route longue, une route droite, une route dans un désert bleu et chaud, une route qui ne s'arrête jamais, ne commence pas, une route où il n'y aurait personne. Il suffirait que je ferme les yeux pour qu'il y ait devant moi une route, la poussière, le temps qui goutte comme s'il n'en pouvait plus, comme si rien d'important ne passait jamais par là, à part le temps, et que le ciel au dessus de la route soit la seule chose ici qui soit réelle. Je voudrais pouvoir ouvrir les bras, et être là, au milieu de cette route longue et droite, cette route de nulle part, dans le silence des journées qui s'étirent, dans le silence d'un monde qui n'existe pas, où personne ne viendra vous chercher, et où l'on peut rester toute une vie debout au milieu de la route, à suivre les nuages des yeux. Il suffirait que je me retourne, si j'y croyais assez fort, pour que toute cette vie s'arrache de moi comme un décors, et que tous disparaissent, avalés, fondus dans le bleu immobile de cette route qui file, qui file tellement qu'on a pas besoin d'aller avec elle. Ca me suffirait moi, de savoir qu'elle vient de quelque part et qu'elle va quelque part, moi je pourrais rester là, pour le reste du temps. Je pourrais rester perdue et seule au milieu de nulle part. Puisque de toute façon je le suis déjà. Il suffirait que je me retourne pour que la terre change, pour que la terre s'ouvre et que devant moi se dessine soudain une route jusqu'à l'horizon, une route longue, une route droite, une route dans un désert, bleu et chaud celui là. Bleu et chaud. Où il n'y aurait vraiment personne. Où je serai celui que je ne peux pas.

Through_the_Veil_by_Animesh_Ray
                                                   
Through the Veil by Animesh Ray

12 février 2007

Le bûcher des vanités

Catégorie: Bright Side

La Reine brûle. Peut importe le plateau, la nature a choisi. La Reine brûle. Elle pensait être à sa place, elle pensait son règne digne, enfin. C'était sans voir qu'il n'y a rien de digne dans les cases qu'on empile, dans les lignes qu'on enfile. La Reine n'a une marge de manœuvre que trop réduite pour survivre, pour jouer. Et la Reine brûle. Petit bois. Petit bras. Pas de place pour les dentelles quand les bals se noient dans les lagunes miroitante et noires des canaux incertains serpentant sous les villes, sous les vies. La Reine ne peut pas régir ce monde là, régir ses lois qui n'en sont pas, qui ne tiennent rien que des pions juste bons à mourir au combat pour des rois de pacotille. La Reine s'essouffle, tente l'esbroufe, elle aura voulu vivre jusqu'à la fin, pris son tour par la force, mais il est des assauts qu'on ne peut mener à bien avec toute sa raison. Ainsi la Reine brûle. A la surface glissante du marbres blancs des palais silencieux et hautains, elle a avancé sûre de son droit, sûre de son pas, allant à l'échec sans rien voir de l'évidence. Comme un compte, il est des casiers où les têtes sont faites pour tomber. La Reine pensait y couper. La Reine à son trône comme au bûcher n'aura pas vu venir le cou. Elle pensait venir à bout d'une partie qui se joue malgré elle et derrière le rideau, quand en coulisse d'autres pièces se donnent. La Reine brûle. Et les perles qu'elle perd iront tout droit au Fou. Attendant quelque part son tour, se tordant jusqu'à la corde, de rire, jubilant. Puisque si la Reine brûle c'est qu'il reprend tout. Propriétaire des diagonales délirantes qui dévorent les stratégies sadiques comme une démentielle chansonnette. Etirant son pouvoir, son sourire, et son corps, le Fou refait surface des profondeurs étranges des gouffres contigus, frais comme un saltimbanque de carnaval, il choisit sa ligne et s'ajuste comme un danseur avant la musique. Le Fou connaît sa trace, peu importe la place, elles sont toutes à lui. Les perles des colliers qui servent à régner ne sont à sa parure que des breloques vives. Imparables fioritures aiguisées comme son œil. Que la partie s'engage il assure le spectacle. Le Fou remet son masque et il salue l'audience. Tandis que la Reine brûle de ce furieux triomphe.

Pollock_Portrait_Dream
                                                          Portrait-Dream by Pollock

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