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26 septembre 2006

Passation

Catégorie: Bright Side

La reine a son collier. La reine a son plateau. La reine en rêvait. La reine a les dents longues rangées dans ses fourreaux. Elle sourit, elle jubile, elle attend l'ouverture. Elle se retranche derrière des manières policées, mais en coin, l'œil frise de plaisir. La reine en rêvait. Dieu sait que dans ses manches, elle en a des histoires, et qu'elle sait faire comme ceux qui n'ont jamais appris. La reine le sent, la piste se dégage. J'en ai fait des courses, j'en connais des virages, des lignes blanches en travers, des couloirs qui se tordent. La corde je l'ai frisée, à l'extrême, j'ai poussé la vitesse jusqu'à grimper aux murs. La reine a gagné ses perles, celles à son cou. Quand le spectacle n'est rien que pour elle, que c'est son jeu, qu'elle rentre en scène. Lever le donc ce rideau, voile actant le départ, puisque le plateau est à elle, rien qu'à elle. La reine prend sa place, toise, se tait, se marre, et bille en tête démarre la fanfare. Je la fais, la partie, je l'engage comme une grande. La reine dépose le fou, au passage, dans la lande, qu'il souffle un moment, merci pour le voyage. Je sais ce que je dois à ce tout azimut. Le collier qu'il m'offre, heureux, à bout de course. Et je prends le carreau, celui qui me revient. Tout le plateau. Si on lui avait dit, que les fous font les reines, j'aurai ri. Pourtant. La reine a son collier. La reine a son plateau. Le fou lui tire sa révérence. Le long de la ligne blanche, plus personne pour courir. La reine a son avenir. La reine a son trône.

instinct_to_stay_put_annettemummery
               Instinct to stay put by Annette Mummery

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25 septembre 2006

Bourreau d'enfants

Catégorie: Dark Side

Coupables aux mains  pleines du sang des innocents,
Des larmes des enfants et de leurs lourdes peines.
Comme ils ferment les yeux, c'est un assassinat
De détourner la tête quand eux lèvent le bras.
Coupables aux mains pleines, quand on tranche une vie
Comme un morceau de viande, quand on se fait distant,
Qu'on se tait, qu'on s'éloigne, qu'avec aplomb on ment
Les mains pleines, coupables, quand eux sont en sursis.
Coupables, peureux, fuyants, vils et ahuris
Et se morguant d'honneur, s'occupant de ses biens
Abandonnant sans honte, ni remord ni chagrin
L'enfance aux dents des chiens, à l'horreur de la nuit.
Coupables, de ce silence, et du temps qui condamne
Aux marques sur le corps et à celles sur l'âme.
Coupables d'être libres, coupables de pouvoir
Mais de ne rien en faire, arguant de ne savoir
La peine capitale, la destruction massive
Qu'endurent sans broncher ces enfants impuissants,
Le mal qu'on leur fait, et la vie qu'on leur prend,
Arguant de n'être pas, le notable, l'homme de loi,
La personne qu'il faut, bien placé, responsable,
Quand il suffirait juste d'élever une voix,
De se battre peut être, de faire l'indispensable.
Comment peut-on se taire et détourner les yeux,
J'ai envie de hurler et d'y mettre le feu,
Quand je pense à ceux là, aux immondes fainéants,
Coupables aux mains pleines du sang de ces enfants.

01_20broken
                              Broken by Unknown

23 septembre 2006

Le mal par le mal

Catégorie: Dark Side

Les dents longues et le manteau dans le vent, je te sais hargneux et aux aguets. Je te sais méchant, profondément. Ignoble. Et à l'affût du premier qui viendra te chercher et que tu pourras couper en deux. Avant-garde des enfers. Je te sens patient, attentif, le sourire en coin et l'œil brillant. Je te sens redoutable. Et le mal, le mal autour de toi, le mal de toi, qui s'échappe et qui monte, vapeur toxique, enivrante et soufrée, que tu distilles sournoisement, en embuscade, prêt à dévorer et à éventrer, à mettre en pièce, prêt à sauter à la gorge, à décapiter, à morceler, avec les dents si longues et comme des rasoirs, effilés, effilant la chair et les os, prêt à broyer, dans tes mâchoires, à massacrer, avec plaisir, avec tellement de plaisir et de rage, que je sens bouillir en toi comme les eaux noires surchauffées et acides, prêt à ronger, à digérer et qu'il ne reste rien après toi, qu'il ne reste rien que tu auras déchiré, arraché, recraché, vaincu. Je te sens ravi, je te sens prêt, plus méchant que jamais, plus sûr de toi, complet, rempli, absolu. Le mal. Celui qui tourne, celui qui plonge profond chercher sa peine, sa haine, sa rage, cette colère sourde qui coule en torrents bouillonnants, prêt à noyer quiconque te défit, à engloutir, anéantir, avec la morgue et le rire tranchant. Je te sens sournois tellement tu en veux, tellement tu sais, que tu es plus fort, que tu es plus abject, plus retord, plus vil, que les enfers sont à toi. Rien qu'à toi. Je te sais plus noir que les obscures ténèbres dont tu sors, que les cendres que tu respires, plus rouge que le feu du soleil même, que le cœur de la terre. Je te sens puissant, je te sens redoutable. Prédateur en poste. Monstre qui veille. Je sais qui tu es. Tapis dans les longues nuits, toi qui me torturait, toi qui allait et venait dans mes doutes et mes terreurs. Je t'entendais rire. Je t'aurai chassé, si j'avais pu. Mais comme un fantôme, une malédiction, tu m'as à chaque fois survécu. Tu as fait tellement de carnage à l'intérieur, pour y faire ta place. Tellement de noir, tellement de sang. La folie à fleur de peau quand je te sentais tourner autour et ton manteau qui me caressait l'âme. Tellement de mal. Mais je sais qui tu es, aujourd'hui je sais. Pourquoi les plaies, pourquoi l'abîme, pourquoi tout ce mal avant. Pourquoi toi. Et cette place à l'intérieur de moi, creusée si profond, creusée si fort, que tu en es ressorti entier. Et que tu viens aujourd'hui, prendre place à mes côtés. Faire face. Les dents longues et le manteau dans le vent.

Pour tout le mal à venir. Que je sache broyer, que je puisse décapiter.
Parce que toi seul peux gagner ces combats.
Et que je sache en rire.

Parce que cette guerre ne finit jamais.

mutation_by_JK_Potter
                                                              Mutation by JK Potter

23 septembre 2006

Plouf

Catégorie: Anecdotes

Je viens de renverser ma canette de ConaCona sur les livrets d'évaluation de mes CE2... et merde.

18 septembre 2006

Non les maîtresses ne mangent pas les petits enfants

Catégorie: Anecdotes

Question existencielle s'il en est: ça mange quoi une maîtresse?

Au petit déjeuner: rien. L'estomac trop tordu au réveil et surtout de bien trop mauvaise humeur pour avoir envie de quoi que ce soit, même à manger.

A la récré de 10 heures: les petits n'enfants n'ont pas le droit de goûter - si si c'est pas une blague je vous expliquerai peut être un jour si je trouve le temps - mais la maîtresse a la droit d'engloutir sous leur nez des pépitos, des kinder pingchose et un bon thé au citron avec 4 sucres... ben quoi la maîtresse fait beaucoup de grands gestes et arpente la classe de long en large, ça creuse...

A la cantine: d'abord la maîtresse mange avec l'autre maîtresse dans la pièce d'à côté, tranquilles. Du coup tous les n'enfants se demandent si la maîtresse mange comme eux. La réponse est oui. Sauf qu'elle est pas obligée de finir son assiette et qu'elle a en plus une plus grosse part de dessert. Non mais. Et qu'elle a son petit thé digestif livré directement à son bureau après.

Au goûter: la maîtresse a le droit d'aller chiper encore un kinder pingchose dans la frigo de la cantine, et de se servir dans les gâteaux au passage. Sauf quand la cantinière lui a gardé une part de tiramisu rien que pour elle, ou une glace, ça dépend des jours.

A huit heure: en arrivant chez elle après ces sept kilomètres à vélo, la maîtresse mange toujours un chausson aux pommes, ou une chocolatine, ou une patte d'ours... un truc qui cale bien. Et surtout elle s'octroit une non moins méritée canette de ConaCona.

A neuf heure: quand elle doit se remettre au travail pour corriger les cahiers, préparer les exercices du lendemain, etc..., la maîtresse ouvre une poche de bonbons et l'engloutit sans état d'âme avec un grand mug de cidre. Oui toute la poche j'ai dit. La maîtresse s'en fout elle fait du vélo, elle.

A onze heure: enfin le repas du soir, la maîtresse n'a pas très faim. Elle avale vite fait n'importe quoi qui se cuit au four en moins de dix minutes: pizza, pizza, pizza. Ou alors la maîtresse a eu le courage durant le weekend de cuisiner à l'avance quelque chose de plus goûteux: tarte à la moutarde, hachis parmentier, gratin de courgette. Ceci restant très rare pour le moment.

Conclusion: la maîtresse ne pourrait pas tenir sans poches de bonbons, ni sans ConaCona, mais très bien se passer du repas du soir grâce à la cantinière qui la gave le midi et tout le long de la journée. La maîtresse doit avoir au moins ces deux thés au citron par jour.

Et heureusement que la maîtresse fait du vélo sinon elle deviendrait énorme!

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18 septembre 2006

Même pas du jeu

Catégorie: Au Boulot!

Je suis arrivée ce matin avec l'intention d'être ferme, intraitable, de leur en faire baver s'il le fallait. J'étais préparée à une journée marathon, affrontement, à une journée de fer.

Ils ont été sages, attentifs, agréables. Je n'ai pas eu tellement à crier. Ni à punir. J'ai été écoutée mieux que d'habitude. En fait j'ai l'impression que tout commence à porter ses fruits. Lentement certes, mais quand même.

Du coup j'ai reposé les gants de boxe sur l'étagère, sans même avoir eu à m'en servir.

Même pas drôle...

16 septembre 2006

Au delà

Catégorie: Bright Side

Sais-tu comment on fait, pour allumer des lumières jusqu'à l'horizon? Comment on fait pour faire s'ouvrir la terre le long de cette ligne? Comment on fait pour fendre le temps, enfin?

J'ai vu des hommes s'asseoir. Et attendre. J'ai vu des hommes pleurer, et d'autres prier. J'en ai vu y croire. Et que jamais devant eux, jamais la terre ne s'ouvre.

Comment fait-on pour ouvrir la terre en deux? Pour l'ouvrir comme un fruit mûr, comme un cadeau, et pour baliser la route jusqu'au bout du monde? Pour enfin fendre le temps, et le prendre à son propre jeu?

J'ai vu des hommes marcher, marcher jusqu'à l'épuisement. Espérer aussi. J'ai vu des hommes tout vendre, se sacrifier. Et que jamais devant eux, jamais ne vienne le bout du monde. Que jamais ils n'arrivent.

Sais-tu toi, comment on fait pour aller jusque là, pour mettre le feu, et que le temps se taise, à jamais?

Bien sûr que tu sais.

Ce que tu ne sais pas, c'est comment revenir.

Alors je te le dis. On n'en revient jamais. La terre ne se referme pas. Et le temps, le temps ne reprend jamais. Le long de cette ligne, la lumière va jusqu'au bout du monde. La lumière tu sais.

J'ai vu des hommes mourir de ne jamais l'atteindre. D'autres de ne savoir, de ne pouvoir même l'imaginer.

Toi n'en reviens pas.

Parce que le soleil est juste derrière.

Et que la vie est à peine plus loin.

namibian_bushmanland_playing_football
                        Namibian children playing by Frantisek Staud

16 septembre 2006

T'étouffe pas avec!

Catégorie: Au Boulot!

L'exercice de l'autorité. Grand sujet de creusage de tête pour moi. Parce que je ne suis pas du genre autoritaire, et que je pars du principe que tout le monde est assez intelligent pour voir qu'il est dans son intérêt direct de ne pas chercher les emmerdes. Oui vous l'aurez compris, je suis plutôt du genre anarchiste, ce qui est absolument et totalement utopique.

Surtout avec des enfants.

Mes gosses à moi -mes élèves quoi- cherchent les emmerdes à longueur de temps, c'est leur matière préférée à l'école même. Surtout j'ai l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment eu de prof. Genre vous savez un prof qui dit de lever le doigt, de pas répondre, de rester assis... un prof quoi. Les miens font tout et n'importe quoi, dans le désordre, dans le bruit, et je passe mes journées à hurler. Pénible.

J'avais pondu un bon système de discipline au départ. Un truc avec des croix et des lignes à faire. Sauf que je l'ai pas tenu. Je me dis "mon dieu pauvres petits je vais pas leur coller des lignes en plus à la maison alors qu'il viennent de passer huit heures à l'école alalalalalalalalalalalaaaaaaaa..."

Et pendant ce temps ils me prennent pour une bonne poire. La maîtresse elle répète douze fois la consigne, elle demande le silence 150 mille fois dans la journée, elle rigole quand elle dit qu'elle attend, la maîtresse elle est trop conne quoi. Pas sérieux tout ça.

Alors vendredi soir j'ai prévenu que j'en avais marre, que j'avais essayé d'être gentille mais qu'ils voulaient pas y mettre du leur, qu'on était déjà vachement en retard sur ce qu'on aurait du faire - ah bon parce que t'as un planning?... non même pas- et que c'était pas possible de continuer l'année comme ça. Que du coup lundi, je laisserai plus rien passer.

Jusque là ça va. Sauf que je sais pas si je vais être capable de m'y tenir. Arg! Si je le fais pas ils vont me bouffer toute crue. Mais comme c'est pas dans ma nature d'être méchante -Cleopatra elle, déchire les feuilles et prive de récréation sans état d'âme- moi je n'arrive pas à garder mon sérieux quand je gronde, je me mords les lèvres pour ne pas sourire ou rire, que voulez-vous? Je ne suis pas dupe, tout ceci n'est que du bluff, et je ris forcément de la supercherie. Parce que c'est pas sérieux de dire à un enfant de 6 ans "plus jamais de ta vie tu iras en récréation, plus jamais de la vie!" et que c'est trop dur de donner 50 lignes à un autre parce que "tu as fini d'imiter le grenouille non?"... Comment voulez-vous que je n'en souris pas?

Quand ils m'auront vraiment usée, sans doute qu'à force ils vont me l'effacer le sourire.

C'est pour éviter d'en arriver là que lundi je dois m'y tenir. Etre chiante, être intransigeante. Tant pis. Après tout je leur ai laissé une chance, passons aux choses sérieuses maintenant. Tenter d'être ferme, et juste. Je sais déjà que c'est perdu d'avance, ça sera forcément injuste. Avec les gamins c'est trop compliqué pour être simple, trop compliqué pour être juste.

Dans le métier de prof, l'exercice de l'autorité est un gros morceau. Un des plus durs à digérer.

Et pour l'instant moi je l'ai encore en travers de la gorge.

16 septembre 2006

Carnaval en avance

Catégorie: Anecdotes

Aujourd'hui samedi. Aujourd'hui jour de pluie. Aujourd'hui jour de course.

Ben j'ai du enfourcher encore une fois IonIon -oui mon vélo a été baptisé ça y est!- avec pour acoutrement un superbe k-way poncho noir -mais si vous avez tous au moins une fois croisé un cycliste avec une de ces baches et vous vous êtes tous au moins une fois foutu de la gueule du dit cycliste- et j'ai pédalé jusqu'au Lederche -ainsi nommé parce que tout y coûte la peau du derche...- sous le regard absolument ahurit des automobilistes qui me croisaient.

Déjà hier soir j'ai du rentrer en k-way aussi, le mauvais temps s'installe. Et le k-way poncho c'est pas super ça prend le vent d'enfer. Je devais avoir l'air du barbapapa noir monté sur un trop petit vélo je suis sûre, sauf qu'en plus en mettant le casque par dessus la capuche ça fait une jolie colerette, donc je devais avoir l'air encore plus stupide que je ne l'imagine. Et puis c'est pas pratique pour ajuster les écouteurs du mp3 ce merdier. M'enfin, je râle juste pour le principe hein, parce que le k-way poncho c'est quand même super, je suis arrivée nickel chrome pas mouillée d'un pouce, même pas les chaussures... forcément ça fait un peu tente 3 places aussi. Pas élégant donc, et j'en suis morte de rire, mais super efficace.

N'empêche, autant la ville sous la pluie un samedi c'est mortel grave cafardant, autant la campagne sous la pluie, même grise, même un samedi, même tout ça, ben c'est tranquille et serein. Incroyablement reposant. C'est beau quand même, et le reste on s'en fout. Et je pourrais me mettre à la fenêtre et regarder la pluie tomber toute l'après midi. Et même que je m'en fous si lundi matin il pleut toujours.

Ouais enfin on en reparle lundi matin...

11 septembre 2006

Rends donc à Ceasar... oh et puis non, jette tout!

Catégorie: Au Boulot!

Ah oui franchement, le Capitaine est pas content là.

- Parbleu Mousaillon, j'en connais un qui voit rouge!

- Euh... j'ai pas bien compris. Vous avez pas dit bleu d'abord?

- Mousaillon! Diable d'idiot!

- Ah oui là je comprends.

- Et bien j'en connais un qui ne comprends pas, lui! Rendez-lui donc justice!

- Oh non Capitaine! Elle peut pas rester encore un peu?

- Qui ça Mousaillon?

- Ben... Justice.

- Vous finirez sur la planche Mousaillon, et ça, ça ne sera que justice!

- Ah ben non alors. Si c'est pour que je finisse sur la planche, elle peut s'en aller.

- Mais elle s'en va oui! Elle retourne à qui de droit!

- Oula... Kidedroi? C'est où ça?

- La planche Mousaillon...

- Raaaaa tout mène toujours à la planche avec vous Capitaine!

- Est-ce une mutinerie?

- Non Capitaine.

- J'ai cru.

- ...

- Et puis vous apprendrez Mousaillon que tous les chemins mènent à Rome, et pas à la planche.

- A Rome? Pourquoi ça Capitaine?

- Et bien pour rendre à Ceasar Mousaillon! Pour rendre à Ceasar!

- Rendre quoi? Ah oui, Justice!

- Bien Mousaillon! On fera quelque chose de vous un jour.

- Un Capitaine?

- Ne rêvons pas non plus.

- Sauf que tous les chemins...

- Mousaillon?

- Oui Capitaine?

- En attendant Rome, prenez donc la planche.

Parce que oui l'autre soir j'étais énervée, très énervée. Il y a une couche de connerie très épaisse à l'Education Nationale, et le plus démoralisant c'est que chacun pris individuellement essaie de bien faire. C'est quand on assemble, quand on multiplie, que ça déconne. L'Education Nationale est vraiment une grande famille. Une vraie grande famille, avec tout ce que ça signifie. Les crétins qu'on peut pas saquer, ceux qu'on voit jamais, ceux qu'on adore, ceux qu'on suporte, les autres qu'on évite. Exactement pareil. Et une fois plongé dans ce tumultueux bazar, difficile de garder son calme parfois.

Ce métier est dur, exigent, il use les nerfs et le corps, il demande un minimum d'abnégation, un maximum de patience, d'implication, d'application. On ne fait pas ce métier par hasard. Sinon on ne tient pas longtemps. Ceux qui s'imagine que c'est une partie de plaisir ferait mieux de passer leur chemin. Dans ce métier on en bave, parce qu'il faut y aller seul, faire bien, quelque chose qu'il est impossible de quantifier, impossible de qualifier: enseigner. C'est un art compliqué, éreintant. C'est être au service des autres, s'obliger à une rigueur, une justesse, ne pas juger, recommencer sans fin. Etre bienveillant tout en gardant ses distances. C'est exercer l'autorité sans en abuser, manipuler la connaissance comme un artisant, faire, défaire, des milliers de fois. Finalement pour enseigner on est toujours seul, et ce que je repproche à l'Education Nationale, c'est de nous faire croire le contraire.

Parce qu'on est seul face à ses élèves, seul face à leurs parents. Seul face aux cahiers à corriger. Face aux programmes à tenir, aux sorties à prévoir. Seul pour faire ses photocopies. On est seul le soir pour penser sa journée du lendemain. On est seul avec des millions de choix à faire. Seul. L'Education Nationale ne sait que poser des limites floues et intenables. Exiger l'impossible. Elle semble ignorer le terrain. Plus on monte, et plus on séloigne de cette réalité.

Pas pour ça qu'il faut jeter les bébés avec l'eau du bain. Parce que ce métier est l'un des plus beau métier du monde. Et quand on est fait pour ça, il est gratifiant, au delà de toute limite. Les gamins sont un moteur puissant que tout bon prof doit avoir chevillé au corps, au coeur, le seul qui peut empêcher de flancher.

On ne supporte pas ce métier pour les semaines de vacances, pour les horaires agréables, ni pour la paye. Parce que croyez moi tout ceci n'est rien en comparaison du bordel que vous prenez plein la tête à longueur de journée, à longueur de semaines, à longueur d'année. Le bruit, l'agitation, l'incompréhension, le rythme infernal, crier, marcher, gesticuler, distribuer, crier encore, punir, soigner, corriger, hurler cette fois, reprendre, corriger, expliquer, crier, sortir, rentrer, refaire, ramasser, crier, corriger, dicter, hurler, punir, distribuer, et marcher, encore et encore, ces petits aller retrour assassins, et toujours parler, toute la journée, à voix haute et claire, et crier encore et encore pour avoir le silence, le calme, l'attention, il faut distribuer et ramasser sans arrêt, et ça s'agite dans tous les sens... Croyez moi, si vous n'avez pas l'enseignement dans la peau, les gosses dans la peau. Vous pouvez vous rasseoir.

Je sais que je fais l'un des plus beau métier du monde, je sais aussi que je fais le seul métier qui me corresponde, pour lequel je sois douée. Je voudrais juste que le système autour arrête de faire du vent, c'est bon, on a compris, on n'y croit plus.

Ceux qui s'apprêtent à rentrer dans le métier n'ont qu'à bien se tenir. Ici rien n'est facile, tout se gagne. Chaque petit pas, chaque petite avancée, autant de petites victoires. Il faut avoir les épaules, la niak, et rentrer dans l'arène comme les gladiateurs, fier mais modeste, et surtout sans avoir peur d'y laisser sa peau. On ne fait pas ce métier à moitié. L'enjeu est trop important.

Ce qu'on gagne dans l'arène face aux lions, c'est leur avenir. C'est pour ça qu'on se bat. Dieu sait que ces lauriers là n'ont pas de prix.

Ceasar peut aller se rhabiller.

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