Le mal par le mal
Catégorie: Dark Side
Les dents longues et le manteau dans le vent, je te sais hargneux et aux aguets. Je te sais méchant, profondément. Ignoble. Et à l'affût du premier qui viendra te chercher et que tu pourras couper en deux. Avant-garde des enfers. Je te sens patient, attentif, le sourire en coin et l'œil brillant. Je te sens redoutable. Et le mal, le mal autour de toi, le mal de toi, qui s'échappe et qui monte, vapeur toxique, enivrante et soufrée, que tu distilles sournoisement, en embuscade, prêt à dévorer et à éventrer, à mettre en pièce, prêt à sauter à la gorge, à décapiter, à morceler, avec les dents si longues et comme des rasoirs, effilés, effilant la chair et les os, prêt à broyer, dans tes mâchoires, à massacrer, avec plaisir, avec tellement de plaisir et de rage, que je sens bouillir en toi comme les eaux noires surchauffées et acides, prêt à ronger, à digérer et qu'il ne reste rien après toi, qu'il ne reste rien que tu auras déchiré, arraché, recraché, vaincu. Je te sens ravi, je te sens prêt, plus méchant que jamais, plus sûr de toi, complet, rempli, absolu. Le mal. Celui qui tourne, celui qui plonge profond chercher sa peine, sa haine, sa rage, cette colère sourde qui coule en torrents bouillonnants, prêt à noyer quiconque te défit, à engloutir, anéantir, avec la morgue et le rire tranchant. Je te sens sournois tellement tu en veux, tellement tu sais, que tu es plus fort, que tu es plus abject, plus retord, plus vil, que les enfers sont à toi. Rien qu'à toi. Je te sais plus noir que les obscures ténèbres dont tu sors, que les cendres que tu respires, plus rouge que le feu du soleil même, que le cœur de la terre. Je te sens puissant, je te sens redoutable. Prédateur en poste. Monstre qui veille. Je sais qui tu es. Tapis dans les longues nuits, toi qui me torturait, toi qui allait et venait dans mes doutes et mes terreurs. Je t'entendais rire. Je t'aurai chassé, si j'avais pu. Mais comme un fantôme, une malédiction, tu m'as à chaque fois survécu. Tu as fait tellement de carnage à l'intérieur, pour y faire ta place. Tellement de noir, tellement de sang. La folie à fleur de peau quand je te sentais tourner autour et ton manteau qui me caressait l'âme. Tellement de mal. Mais je sais qui tu es, aujourd'hui je sais. Pourquoi les plaies, pourquoi l'abîme, pourquoi tout ce mal avant. Pourquoi toi. Et cette place à l'intérieur de moi, creusée si profond, creusée si fort, que tu en es ressorti entier. Et que tu viens aujourd'hui, prendre place à mes côtés. Faire face. Les dents longues et le manteau dans le vent.
Pour tout le mal à venir. Que je sache broyer, que je puisse décapiter.
Parce que toi seul peux gagner ces combats.
Et que je sache en rire.
Parce que cette guerre ne finit jamais.
Mutation by JK Potter